La « Bretagne – Dame au double visage » invitée de la galerie La Femme à Prague

Miroslav Malina, Galerie La Femme

Depuis le 15 janvier dernier, la Galerie La Femme à Prague invite à un voyage jusqu’au Manoir de Langourian à Erquy dans les Côtes d’Armor. Marta Davouze y a invité huit artistes à chercher l’inspiration dans les beautés de la Bretagne ; ils présentent aujourd’hui leurs œuvres.

Boris Jirků,  Galerie La Femme
C’est au son du groupe tchèque francophone Voilà que s’est ouverte l’exposition « Bretagne – Dame au double visage », un projet international organisé par la Galerie La Femme qui n’en est pas à son premier coup d’essai. Cette petite galerie familiale située dans le quartier juif de la capitale organise en effet régulièrement des séjours à vocation créative avec des groupes d’artistes, qu’elle expose ensuite dans ses murs. Monika Lipinová est l’une des galeristes organisatrice et participante de ces projets, elle nous en dit plus.

« Nous faisons régulièrement depuis 2003 des projets à l’étranger. Le premier était au Brésil et depuis nous organisons un projet à l’étranger tous les ans. Le principe est toujours le même : on invite 7 ou 8 artistes qui viennent avec nous dans un endroit où nous sommes invités pendant dix jours ou quinze jours et quand on est inspiré par le paysage, la culture, les gens, on crée sur place des tableaux ou des sculptures et à la fin du séjour on fait une exposition. Quelques mois après être rentrés, on organise une autre exposition avec les souvenirs de ce voyage. En septembre nous avons fait notre dernier projet en Bretagne. »

Marta Davouze, Tchèque mariée à un Français, s’est en effet installée dans le vieux manoir médiéval de Langourian où elle accueille quelques touristes, mais surtout beaucoup d’artistes, notamment des étudiants français et tchèques des Beaux-Arts, ainsi que des groupes comme celui de la Galerie La Femme. L’important pour Marta Davouze, c’est de faire profiter des charmes de la Bretagne et de continuer une activité culturelle comme elle l’a fait toute sa vie.

Marta Davouze  (deuxième gauche,  au premier rang) avec les artistes à Erquy dans les Côtes d’Armor,  photo: CT24
« J’ai travaillé toute ma vie dans la culture et ce n’était pas intéressant pour moi d’être hôtellière. J’ai pensé à ce que je pouvais faire avec cet environnement qui est très inspirant du point de vue de l’art. J’ai d’abord créé le projet pour les étudiants des Beaux-Arts tchèques et français. C’est une amie qui m’a demandé si je ne voulais pas accueillir aussi des artistes de Prague. Je suis très heureuse d’avoir accepté car j’ai rencontré de nouveaux amis ici, à la Galerie La Femme ; ils m’ont dit qu’ils organisaient des voyages pour chercher l’inspiration à l’étranger, qu’ils étaient déjà allés en Andalousie, en Provence, au Brésil et donc qu’ils pouvaient venir chercher la même chose en Bretagne. »

Une inspiration avant tout féminine, le thème central de l’exposition étant le « double-visage » de la Bretagne, une « Dame » changeante, capable de douceur comme de violence. Une idée de Marta Davouze pour qui la féminité de la région semble aller de soi.

Miroslav Malina,  Galerie La Femme
« D’abord c’est féminin, c’est ‘la’ Bretagne. C’est moi qui ai trouvé ce thème, car Monika m’a demandé ce qui était typique en Bretagne selon moi. Je lui ai répondu que c’était le temps qui est soit très doux soit terrible, vraiment terrible. C’est pourquoi ‘deux visages’, la ‘dame au double visage’. Et les artistes qui étaient ici me demandaient ‘mais quand arrive ce mauvais visage ?’ car le temps était toujours beau pendant tout le séjour. Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai dit ‘la femme’... Mais la Bretagne ce n’est pas un homme ! C’est féminin je pense. »

La Galerie La Femme n’est pas la première à chercher l’inspiration en Bretagne, une région connue et appréciée des Tchèques depuis les tableaux de Jan Zrzavý dans les années 1920 et 1930. Un intérêt sans cesse renouvelé par les voyages et les œuvres des artistes tchèques, et notamment aujourd’hui celui de ces huit artistes qui exposent le fruit de leur séjour sous le patronnage de la féminité – source d’inspiration sans fin.