La 11e édition des Festivités de la musique ancienne est placée sous le signe de la virtuosité

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La virtuosité, phénomène tantôt adulé tantôt décrié, est le thème majeur du festival international des Festivités de la musique ancienne dont la 11e édition a commencé avec succès, jeudi, à Prague.

Le programme du festival a été préparé, entre autres, par la flûtiste et directrice de l’orchestre Collegium Marianum, Jana Semerádová. Pour elle, la virtuosité est beaucoup plus qu’un jeu brillant :

« La virtuosité aujourd’hui est un peu différente de ce qu’elle était. (…) Nous aimerions montrer comment naissait la virtuosité, comment elle se développait à l’époque de la Renaissance, du baroque et du classicisme. Il ne s’agissait pas que d’un jeu rapide, de beaucoup de notes, mais le mot virtuose désignait un maître, un musicien capable de créer, de composer, un musicien qui était aussi un excellant théoricien de la musique et qui avait surtout le don d’improvisation. »

Sergio Azzolini
Au programme du festival figure donc la musique instrumentale et vocale du passé interprétée par des solistes et des ensembles d’Italie, d’Espagne, de Russie, de Hollande, de Belgique, de France et de République tchèque. Pour le premier concert, jeudi, les organisateurs ont choisi des œuvres de František Jiránek, compositeur tchèque presque oublié, et de son célèbre contemporain Antonio Vivaldi. Ce répertoire a permis à l’ensemble Collegium Marianum de démontrer que la musique tchèque du XVIIIe siècle cache encore de véritables trésors car les œuvres de František Jiránek ont été une belle surprise pour le public et une révélation pour les musicologues. La grande salle de Rudolfinum a frénétiquement applaudi sa Sinfonia en Ré majeur et ses quatre concertos instrumentaux interprétés avec une virtuosité éblouissante par le tromboniste Sergio Azzolini, la violoniste Marina Katarzhnova et la flûtiste Jana Semerádová.

Les autres concerts du festival auront lieu comme d’habitude dans quelques-uns des plus beaux endroits de Prague, parmi lesquels le couvent de Břevnov, le château de Troja, le réfectoire du couvent des dominicains dans la Vieille Ville, le château de Hvězda, etc. Jana Semerádová constate qu’au fil des années le festival s’est solidement implanté dans la vie musicale tchèque et ne manque pas de public :

« Je pense que le public tchèque est bien préparé à la musique ancienne. Pratiquement tous nos concerts ont été complets. Je n’ose pas dire que ce sera la même chose à l’avenir, mais jusqu’à présent nos concerts ont toujours été complets, et le public était composé à 90 % de Tchèques. C’est une proportion très élevée. Ce n’est donc pas un festival pour les touristes comme on pourrait le penser puisque nous l’organisons en été. Je pense que le public tchèque perçoit cette musique très attentivement, et il ne s’agit pas que de spécialistes. »

Le dernier spectacle du festival sera réservé, le 8 août prochain, à l’ensemble de danse français La Compagnie de l’Eventail.

http://letni-slavnosti.collegiummarianum.cz