Kozeny dans le collimateur de la justice américaine

Viktor Kozeny, photo: CTK

Viktor Kozeny. Un nom bien familier à nos auditeurs. Un Tchèque vous dirait : l'escroc du siècle que la justice pragoise ne parvient pas à mettre sous les verrous ; il est poursuivi pour escroquerie de plusieurs milliards de couronnes. Mais peut-être est-ce la fin de la cavale pour ce téméraire play-boy, que la justice américaine a désormais dans le collimateur. Omar Mounir.

Viktor Kozeny,  photo: CTK
Un bref rappel pour les présentations. Viktor Kozeny, jeune émigré tchèque aux USA, débarqua un jour de 1990 à Prague, avec une valise en papier mâché et 300 dollars en poche. Quatre ans après, il repartait sur la pointe des pieds, mais avec, cette fois-ci - excusez du peu - quelques milliards de couronnes. Plus exactement 11,5 milliards de couronnes ; il est présumé avoir escroqué ses associés au Fonds Harvard dont il est le père fondateur. Depuis, il est devenu insaisissable, multipliant les nationalités et changeant de lieux de résidence, avec, aux trousses, la justice tchèque en butte à des artifices juridiques comme l'absence de conventions d'extradition et autres.

L'erreur de Kozeny, qu'il aurait apparemment commise entre temps, est d'avoir joué la même carte deux fois, avec un autre fonds, le Fonds Minaret, cette fois-ci, en Azerbaïdjan, mais avec des associés américains.

L'affaire, là encore, a traîné en longueur, jusqu'à ce jeudi, lorsque le procureur Barbara Thompson, du parquet de Manhattan a officiellement engagé une poursuite pénale contre Viktor Kozeny, pour une escroquerie de 182 millions de dollars, investis sur son offre dans le Fonds de privatisation Minaret, par plusieurs investisseurs américains de marque comme l'Université Columbia.

La justice américaine doit être excédée par ce cas d'espèce pour que Barbara Thompson parle de la sorte : "Les Etats-Unis, a-t-elle dit, feront tout ce qui est dans leur possible pour conduire Kozeny devant le juge new-yorkais".

Cela fait longtemps que Viktor Kozeny s'est prononcé sur l'affaire Minaret. Pour lui, les choses sont simples. L'opération Azerbaïdjan a mal tourné. Et les associés, qui sont majeurs, doivent savoir qu'investir, c'est accepter le risque. Pour son avocat, Maître Benjamin Brafman, le chef d'inculpation est irrecevable. En attendant, ce chef d'inculpation compte 15 accusations sur lesquels Kozeny doit s'expliquer devant le juge new-yorkais, car, cette fois-ci, entre les Bahamas et les USA, il y a une convention d'extradition.

Il reste à savoir ce que fera la justice tchèque. Va-t-elle porter son affaire devant le juge new-yorkais ? Y aura-t-il une procédure d'extradition vers Prague ? Le genre de questions que se posent ceux qui se disent victimes de Kozeny à Prague et ailleurs. Et ils sont nombreux.

Auteur: Omar Mounir
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