K. Schwarzenberg à Paris - "La position du gouvernement tchèque n’est pas celle du président"

Bernard Kouchner et Karel Schwarzenberg, photo: F. de La Mure, Ministère des Affaires étrangères et européennes

Le chef de la diplomatie tchèque, Karel Schwarzenberg, était ce mercredi à Paris, où il a rencontré son homologue français, Bernard Kouchner. Les médias tchèques ont surtout relevé les déclarations concernant le Tibet et les JO chinois, Karel Schwarzenberg s’étant prononcé pour un boycott de la cérémonie d’ouverture. Mais cette visite a aussi été l’occasion d’aborder d’autres thèmes importants de la politique étrangère tchèque, notamment lors d’une conférence organisée par l’Institut français des relations internationales (IFRI).

Olivier Louis
Olivier Louis est spécialiste des questions européennes à l’IFRI :

« Les thèmes principaux abordés ont été les présidences européennes tchèque et française, les relations avec les Etats-Unis et les problèmes stratégiques qui leur sont liés. M. Schwarzenberg a également parlé du sommet de l’OTAN de Bucarest et de la position tchèque vis-à-vis de l’entrée de nouveaux membres au sein de l’OTAN. »

Est-ce que cette conférence vous a permis, à vous chercheurs ou aux membres du public, d’en apprendre davantage sur la politique étrangère tchèque ?

« Je crois qu’on a surtout mieux compris la logique de la politique étrangère tchèque, une position un peu caricaturée avec le président tchèque qui a souvent des positions très eurosceptiques et on a parfois l’impression que c’est la position du gouvernement. Mais il y a clairement plus que des nuances, la position du gouvernement n’est pas celle du président. M. Schwarzenberg nous a convaincu de sa volonté de travailler au progrès de l’intégration européenne, c’est certain. Apparemment, la préparation des présidences française et tchèque se déroule bien. Il n’y a pas de contradiction entre les objectifs de l’une et de l’autre même si on aurait pu croire qu’il y ait une sorte de contradiction : la devise de la présidence tchèque est « L’Europe sans barrières » alors que la France (qui n’a d’ailleurs pas de devise pour sa présidence) a laissé entendre que « L’Europe qui protège » serait un thème fort de la présidence française. Mais ce qu’on nous a expliqué est qu’il n’y a pas de contradiction. »

Il a donc aussi été question du sommet de Bucarest et de la relation avec les Etats-Unis. Quel est le sentiment en France sur ces négociations bilatérales entre Prague et Washington, avec ce sommet de l’OTAN qui a permis d’une certaine manière d’ « otaniser » ce projet de bouclier antimissile américain en Europe ?

« M. Schwarzenberg s’est beaucoup réjoui que ce projet de bouclier soit devenu un projet OTAN, il a beaucoup souligné ce fait. Sur le fait que cela ait été d’abord une négociation bilatérale, je n’ai pas de commentaire à faire, je ne crois pas d’ailleurs que cela ait profondément choqué les Français. On connaît ici l’attachement très fort de la République tchèque, de la Pologne et de certains nouveaux Etats-membres à la relation avec les Etats-Unis et leur souhait d’être protégés contre toute menace éventuelle. »