Julien Leclercq a présenté à Prague «L’Assaut», un film «intimiste» sur le terrorisme

'L’Assaut'

A Noël 1994, un avion d’Air France pris en otage, à Alger, par les terroristes du Groupe islamique armé a été libéré grâce à l’assaut du GIGN, Groupe d’Intervention de la Gendarmerie nationale. La libération de plus de 200 passagers est au cœur du film « L’Assaut », avec Vincent Elbaz dans le rôle principal. « L’Assaut » sort, ce 1er décembre, en salles en République tchèque. Le réalisateur Julien Leclercq l'a présenté, en avant-première, au 14e Festival du film français qui vient de se terminer à Prague et dans sept autres villes tchèques.

Julien Leclercq,  photo: www.festivalff.cz
Julien Leclercq, la prise d’otage du vol Alger-Paris puis la libération et l’évacuation des passagers à l’aéroport de Marseille a été suivie par 21 millions de téléspectateurs, vous étiez parmi eux ?

« Exactement, j’avais quatorze ans à l’époque, j’ai vu le dénouement en direct à la télévision. »

Comment vous est venue l’idée de porter cet évènement à l’écran et pourquoi cet évènement là et pas un autre ?

« Déjà parce que ça n’avait pas été fait, et ça c’est déjà une bonne chose. Après, ça part d’un livre qui a été écrit par un des membres du GIGN, des gendarmes qui rentraient dans l’avion. J’ai lu livre, je suis allé à la rencontre de ces gendarmes qui ont vécu l’évènement et on a décidé d’écrire le film. »

'L’Assaut'
Dans votre film vous présentez l’histoire de trois points de vue différents. Vous la racontez à travers trois personnages, qui sont ces personnages ?

« D’abord il y a le personnage de Thierry Prungnaud, qui est un des leaders du GIGN qui a été le plus grièvement blessé : il a pris huit balles, dont deux à l’épaule, et une grenade dans le dos. Il est toujours vivant, il est en retraite en province, en France. C’était intéressant, car il y a trente héros qui rentrent dans l’avion mais il fallait en suivre un essentiellement, et montrer un peu comment vivent ces gens, mettre un visage sous la cagoule. Un point de vue politique, on suit une jeune énarque qui va suivre pour essayer de comprendre. L’idée de départ était vraiment l’image forte où l’on voit ces trois passerelles qui viennent s’amarrer à l’avion. Comprendre pourquoi et comment on en est arrivé là, ce qu’il s’est passé depuis quarante-huit heures en France, en Algérie, afin de lancer un assaut, pour aller libérer ces gens. Evidemment le troisième point de vue : le point de vue d’un terroriste, pour essayer de comprendre l’adversaire qui a mis sous pression cet avion. »

Etait-il difficile de rester neutre au cours du tournage ?

'L’Assaut'
« Même si j’ai eu l’accord du GIGN, le soutien de l’armée, je leur ai dit que ce ne serait pas une bande démo pour l’armée, pas un film promo. Heureusement, et c’est ce qu’il leur a plu. Il fallait être le plus juste, le plus objectif possible par rapport à l’événement, ne pas prendre parti. Il n’y a même pas besoin, c’est tellement flagrant, je ne vais pas insister, moi dans mon film, avec ma mise en scène, pour dire que les terroristes sont les méchants, ça coule de source. »

Dans quelle mesure êtes-vous parti du livre ?

« En fait je n’ai lu le livre qu’une seule fois. Le travail avec Simon Montaïrou, mon co-scénariste, ça a été, comme le votre, un travail de journaliste. Pendant six, huit mois, on est parti à la rencontre de tous les gens qui ont vécu l’événement en direct : que ce soit des otages, les membres du GIGN, le commandant de bord… »

Quel regard portent-ils sur l’événement aujourd’hui ? Etaient-ils capables d’en parler ?

'L’Assaut'
« Parfois c’était compliqué. C’était plus facile du côté du GIGN, car c’est une troupe, une cellule où ils restent groupés. C’était plus compliqué avec le commandant de bord, avec certains otages, parce que c’était une expérience traumatisante : cinquante-quatre heures de prise d’otage, avec trois otages tués à Alger, c’était difficile. Je leur ai expliqué quel film je voulais faire et c’est pour cela qu’ils sont tous venus. Personne l’a pris comme une thérapie, mais ils étaient tous contents. C’était très poignant car sur le tournage, des gens qui se sont croisés quelques secondes sous un enfer de feu, ils ne se connaissent pas, ils ne se sont jamais rencontrés, se sont retrouvés autour d’une caméra, autour d’un acteur, d’un réalisateur. C’était très touchant. »

Le réalisateur Julien Leclercq sera l’invité de l’une de nos prochaines rubriques culturelles.