Jordi Galí : « L’idée était que ces gestes deviennent à force de répétition une sorte de danse »

Jordi Galí, photo: SE.S.TA

La Quadriennale continue ce week-end avec notamment la venue du danseur Jordi Galí samedi et dimanche à la Galerie nationale de Prague. Le Catalan présentera « T », un spectacle qui met en scène poutres, vélo, pneu et échelles. Il sera également le 4 juillet à Žďár nad Sázavou pour le festival KoresponDance avec Jérémy Paon et Silvère Simon pour Abscisse. Un trio en équilibre autour d’échelles et de cordes.

Jordi Galí,  photo: SE.S.TA
« Commençons à partir du début : je suis danseur et j’ai longtemps été interprète pour des compagnies. A un moment donné, j’ai commencé à faire mon travail et à explorer la relation du geste à l’objet. Pendant trois ans j’ai fait des petits spectacles, des petits essais, un peu en comme dans un laboratoire. Le spectacle que je vais présenter samedi ‘T’ est la conclusion de ces trois années de recherche. C’est un objet un peu spécial. Il n’y a pas de danse dans le sens où on l’entend avec une gestuelle sur une musique. Ce que l’on retrouve d’abord, c’est tout un dispositif mécanique qui est activé au début et qui petit à petit se vide de sa force jusqu’à s’arrêter. Une sorte d’horloge qui est fabriquée à partir de pièces de récupération comme par exemple des bouts de vélo ou d’échelle qui font office de bande-son pour le spectacle et qui accompagnent l’action tout le long. Face à cette installation, il y a le corps et une dizaine d’objets, de gros objets lourd et des petites échelles avec et sur lesquels je vais construire une sorte de parcours. C’est un travail sur l’équilibre et la précision. Petit à petit, on verra surgir une espèce d’assemblage, de structure sur laquelle le corps se promène. C’est-à-dire qu’il y a une écriture. Tout est millimétré, tout est calculé. L’idée était que ces gestes deviennent à force de répétition une sorte de danse. »

D’où vient le matériel que vous utilisez ?

Abscisse,  photo: Didier Grappe / SE.S.TA
« Comme je le disais tout à l’heure c’est une pièce ancienne. A l’époque j’avais très peu d’argent. Là j’en ai très peu aussi mais un peu plus, assez pour assumer les frais de décors. La pièce, je l’ai faite avec des objets de récupération. J’ai récupéré des vélos, des bouts de bois et de lino que j’ai refaçonnés, retravaillés pour qu’ils puissent répondre à mes besoins mécaniques. Ils viennent des bennes et des coins d’atelier que l’on m’a prêté. »

Comment concevez-vous vos spectacles ?

« Ça c’est toujours une question qui se pose pour les nouvelles créations. Souvent il y a une idée de départ qui se nourrit de l’empirique, donc des essais indirects avec les objets pour connaître leur poids et leur façon de réagir à la contrainte. C’est un aller-retour constant entre l’action, le dessin et la tentative. On essaye, ça marche pas alors on revient à la réflexion, on dessine, le lendemain on réessaye et petit à petit tout se met en place. Il n’y a pas de travail avec un logiciel, il n’y a pas une idée qui serait l’objectif final à atteindre. C’est un aller-retour entre les essais, les échecs et les trouvailles. »