Interrogations après l'exécution de Saddam Hussein, en République tchèque aussi

Saddam Hussein, photo: CTK

Deux sortes de photos à l'ambiance totalement opposée font, ce mardi, la une des quotidiens tchèques : celles des festivités du Nouvel An dans le centre de Prague, assez « explosives » cette fois-ci, ainsi que les photos choc de Saddam Hussein, la corde au cou, au seuil de la mort. Dans ses dossiers, la presse tchèque s'interroge sur les conséquences de l'exécution de l'ancien dictateur irakien. Sans oublier d'évoquer les relations commerciales florissantes entre la Tchécoslovaquie communiste et l'Irak de l'époque.

Saddam Hussein,  photo: CTK
« Un châtiment pour un criminel exceptionnel », « Une mort trop subite » titrent les principaux quotidiens du pays. La diplomatie tchèque, elle, a pris acte de l'exécution. Pour le ministre des Affaires étrangères, Alexandr Vondra, ce fut, « une manière dont l'Irak a réglé ses comptes avec le dictateur qui avait entraîné le pays dans plusieurs guerres insensées et qui avait fait souffrir des gens innocents. » Or, pour Frantisek Sulc, du quotidien Lidove noviny, il n'est pas question d'une véritable réflexion sur le passé en Irak. D'après lui, la pendaison de Saddam fut une erreur, car « l'ancien dirigeant irakien a été condamné pour un de ses crimes 'minoritaires' et non pas pour une multitude d'autres, plus graves qui furent ainsi balayés d'un revers de main ». « Nous, qui n'avons toujours pas réussi à nous positionner par rapport à notre passé communiste », remarque l'auteur, « nous devrions être sensibles à cette attitude. »

Irak,  photo: CTK
A l'instar de leurs confrères européens, les commentateurs tchèques sont quasi unanimes : la mort de Saddam Hussein ne représente, en soi, aucune évolution pour l'Irak. Mais « elle pourrait tout de même affaiblir une partie de l'opposition », estime le journal Mlada fronta Dnes, « celle qui est constituée par les membres de la tribu de Saddam, jadis privilégiés et occupant des postes importants dans la police et dans l'armée ». « Ce sont eux qui ont perdu le plus après l'invasion américaine. Après l'exécution, ils n'ont plus aucun espoir. Soit ils s'intègrent à la nouvelle société irakienne, soit ils restent marginalisés », écrit Stanislav Drahny dans Mlada fronta Dnes.

Revenons enfin au quotidien Lidove noviny qui retrace, pour l'occasion, l'histoire des relations tchéco-irakiennes. Le journal la résume, avec sarcasme, en quelques mots : « la fraternité socialiste, les dettes et la guerre ». En effet, si la Tchécoslovaquie envoyait, il y a vingt ans, à Bagdad, des constructeurs de raffineries de pétrole ou d'usines de traitement des eaux, depuis 2003, la République tchèque y déploie ses policiers militaires. Actuellement, ils sont une centaine à surveiller la base militaire Al Basrah, à Bassora.