Il y a 30 ans débutait le retrait des troupes soviétiques de Tchécoslovaquie

Фото: ЧТ24

Il y a trente ans, le 26 février 1990, les ministres des Affaires étrangères tchèque et soviétique signaient un accord à Moscou entérinant de départ des troupes soviétiques de Tchécoslovaquie. Après la Seconde Guerre mondiale, la Tchécoslovaquie avait représenté une exception dans le bloc de l’Est puisqu’aucuns soldats soviétiques n’étaient restés stationnés dans le pays après la victoire. Une situation qui avait radicalement changé en août 1968, après l’invasion du pays par les troupes du Pacte de Varsovie.

Le départ des troupes soviétiques | Photo: ČT24

Les négociations sur le départ futur des troupes soviétiques ont commencé le 15 janvier 1990, à Prague, comme l’annonçait alors la Radio tchécoslovaque. Deux mois après la révolution de Velours qui avait signé la fin du régime communiste, les nouveaux dirigeants tchécoslovaques savaient qu’il fallait faire vite, et que la transition démocratique ne pourrait être complète avec la présence de soldats soviétiques sur leur territoire. Pourtant, à l’époque, ce premier tour des négociations se termine sur le retour de la délégation soviétique à Moscou, sans accord, comme l’explique Matěj Bílý de l’Institut pour l’étude des régimes totalitaires :

Le retrait complet de l’armée soviétique | Photo: VHÚ
« Ces premières négociations, c’était une façon pour les Soviétiques de gagner du temps. Pendant les discussions, ils n’ont fait que reprendre l’idée de départ du gouvernement Adamec (entre octobre 1988 et décembre 1989, ndlr) qui prévoyait un nouveau cadre juridique pour le stationnement des troupes soviétiques en Tchécoslovaquie et l’établissement d’un calendrier de retrait progressif sur cinq ans. »

Symboles de l’échec du Printemps de Prague et de l’occupation du pays, les soldats soviétiques devaient partir vite et définitivement : tel était en tout cas le sentiment pressant de l’opinion publique dès la révolution de Velours. Un deuxième tour de négociations se déroule à Moscou en février, conclu par la signature d’un accord prévoyant le départ des troupes soviétiques au plus tard en juin 1991.

« La délégation tchécoslovaque a finalement réussi assez rapidement à négocier avec les Soviétiques. Très clairement, la proximité avec la signature du Traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE), conclu à Paris en novembre 1990, y a contribué. Ce traité prévoyait la réduction des forces armées, pas seulement soviétiques, mais également dans d’autres pays, en Europe centrale et orientale et aussi en Europe de l’Ouest. »

Photo: repro Michael Kocáb,  'Vabank' / Universum
Les premiers soldats soviétiques commencent à quitter le pays dès fin février, début mars 1990. Une commission parlementaire, dirigée par le député et musicien Michael Kocáb, est chargée de veiller au bon déroulement des opérations. Car ce ne sont pas seulement les hommes qu’il faut rapatrier, mais aussi tout l’arsenal militaire…

Quand le retrait commence, 73 500 soldats sont présents en Tchécoslovaquie, sans compter près de 40 000 membres de leurs familles. 1 220 tanks, plus de 2 500 véhicules militaires et blindés, 76 avions, 146 hélicoptères et des munitions par centaines vont ainsi être transportés vers l’Union soviétique pendant un an et demi.

La photographe Dana Kyndrová a capté cette période charnière qui signait la fin d’une époque, la fin aussi de la Guerre froide. Sur ses photos, on découvre une autre facette que la joie légitime de la population tchécoslovaque de voir partir ceux qui sont considérés comme des occupants : on y perçoit le sentiment d’abandon de soldats qui ne savent pas très bien pourquoi ils devraient partir et quel va être leur avenir :

Photo: Dana Kyndrová
« Les soldats soviétiques occupaient aussi la Pologne, et beaucoup d'autres endroits. Nous, nous avons été les premiers à les chasser. Lorsque l'on parlait avec les soldats – pas avec les soldats ordinaires, mais avec les colonels, les gens haut gradés – on s'apercevait qu'ils ne savaient pas ce qui les attendait. Ils disaient : ‘On ne sait pas ce que l'on va faire. Ici nous avons des maisons, et tout ça.’ Alors c'est vrai que pour eux, l'avenir était très incertain. »

Comme le rappelle Dana Kyndrová, la Tchécoslovaquie a en effet été le premier pays de l’ancien bloc de l’Est à organiser le départ des troupes soviétiques. La Pologne a attendu jusqu’en 1993 et l’ex-Allemagne de l’Est jusqu’en 1994 pour que le dernier soldat soviétique quitte leur territoire.