Idomeneo, un mythe magnifié par la musique de Mozart, sur la scène du Théâtre national de Prague

Idomeneo, photo: www.narodni-divadlo.cz

Idomeneo, opéra du jeune Mozart, est revenu sur la scène du Théâtre national de Prague. Ce n’est que pour la deuxième fois, et après une absence de presque 80 ans, que cet opéra figure dans le répertoire de ce théâtre. La première du 6 mai dernier était très attendue notamment en raison d’une excellente distribution internationale et aussi de la personnalité du metteur en scène japonais Yoshi Oida.

Idomeneo,  photo: www.narodni-divadlo.cz
Le roi de Crète Idoménée qui revient dans sa patrie après la guerre de Troie, faillit périr dans une tempête. Au comble de désespoir il promet à Poséidon de lui sacrifier la première personne qu’il rencontrera après son retour. Il ne sait pas que, par la cruelle ironie du sort, le premier homme qu’il verra après son débarquement sera le prince Idamante, son fils. C’est ce conflit entre l’amour paternel et le devoir, conflit digne d’une grande tragédie antique, qui a permis à Mozart de déployer son génie lyrique. Le chef d’orchestre Tomáš Netopil a préparé au cours de cette saison deux productions de cet opéra, à Turin et à Prague :

« Je ne peux pas être tout à fait d’accord quand j’entend qu’il s’agit d’un opéra de jeunesse. J’y vois un des sommets de l’art de Mozart. Nous savons qu’il avait déjà vingt cinq ans, l’ensemble pour lequel il a créé cet opéra se classait parmi les meilleurs en Europe et donc dans le monde. Mozart pouvait donc donner libre cours à sa passion créatrice au niveau de la composition et des effets sonores. Il était également influencé par les productions de Christophe Willibald Gluck à Paris. »

Le metteur en scène de cette production, Yoshi Oida, n’est pas un inconnu du public pragois. Il avait déjà subjugué les spectateurs de l’Opéra d’Etat avec l’opéra « Mort à Venise » de Benjamin Britten. Les moyens scéniques qu’il utilise dans Idomeneo sont sobres et dépouillés. Tomáš Netopil apprécie que sa mise en scène serve avant tout la musique de Mozart :

Idomeneo,  photo: www.narodni-divadlo.cz
« C’est le type de metteur en scène qui laisse un grand espace à la musique. Je crois que dans ce cas, dans le cas d’Idomeneo c’est ce qu’il faut, parce que la musique elle-même dit énormément de choses et lui, par sa méthode et sa sensibilité, réussit à apporter beaucoup à cette histoire. »

Yoshi Oida,  photo: www.narodni-divadlo.cz
Le Théâtre national a réussi à réunir pour cette production une distribution de qualité. Le ténor américain Charles Workman a donné au personnage d’Idomeneo une voix légère et souple qui ne manquait pourtant pas d’accents virils. Le rôle de la princesse de Troie Ilia a été pour la chanteuse Martina Janková l’occasion de revenir après 18 ans d’absence sur les planches du Théâtre national. La chanteuse qui est membre de l’Opéra de Zurich a été d´abord prise au dépourvu par la méthode de Yoshi Oida donnant aux chanteurs une grande liberté pour leur permettre de s’identifier psychologiquement avec leurs personnages. Puis elle a mobilisé ses ressources intérieures :

Idomeneo,  photo: www.narodni-divadlo.cz
« Ce rôle est nouveau pour moi et il atteint les racines de mon être. J’aimais cela déjà quand j’étais petite fille. J’ai grandi avec les épopées d`Homère, avec l’Odyssée et l’Iliade… »

La première d’Idomeneo au Théâtre des Etats, une des scènes du Théâtre national de Prague,

Idomeneo,  photo: www.narodni-divadlo.cz
le 6 mai dernier, a été très applaudie. Les critiques, eux, se montrent plus réservés, sans nier que cette nouvelle production enrichit considérablement le répertoire de la première scène lyrique tchèque.