Hommage à Albert Camus, 50 ans après sa disparition

Albert Camus

Il y a 50 ans, le 4 janvier 1960, Albert Camus disparaissait dans un accident de voiture. Prix Nobel de Littérature en 1957, Albert Camus fut tour à tour résistant, écrivain, dramaturge. Quelques liens le rattachent aussi aux pays tchèques, comme nous le rappelle Guillaume Basset, du Festival des écrivains de Prague qui propose cette semaine une semaine consacrée à Albert Camus sur son site internet.

« Etant donné que toute l’année, dans la partie ‘novinky’ notre site internet propose des articles sur l’actualité littéraire internationale, cette année nous proposons une série d’articles sur Albert Camus, de nous, d’autres personnes, des extraits de ses oeuvres y compris deux vidéos qui seront publiées dans la semaine. Il y a le tout début de l’adaptation de L’étranger par Luchino Visconti, avec des sous-titres tchèques, et une interview d’Albert Camus dans un stade de France, car il était fan de foot, et où il s’exprime sur le Prix Nobel qu’il a reçu. »

C’est original de parler de son Prix Nobel dans un stade de foot...

Guillaume Basset
« Albert Camus adorait le foot, il était lui-même gardien de but en Algérie, mais la tuberculose l’a empêché de continuer. C’est un paradoxe supplémentaire de cet homme qui bien qu’étant un grand intellectuel ne méprisait pas les sports populaires. »

Et ça le rend d’autant plus attachant. Tous les ans au mois de juin, vous organisez le Festival des Ecrivains de Prague. Cette année ce sera du 6 au 10 juin et le thème sera Hérésie et rébellion. Allez-vous parler de l’auteur de l’Homme révolté ?

« Oui, c’est d’ailleurs une des raisons principales pour laquelle nous organisons auparavant cette Semaine Camus. Nous travaillons sur la figure du rebelle. Pendant la semaine du festival à proprement parler, nous utiliserons Camus comme voix pour lancer les discussions. Une de nos conversations au moins sera faite sous les auspices d’une phrase de Camus, et il y aura sans doute encore d’autres performances liées à Camus. Mais tout n’est pas encore fixé. »

Camus, contrairement à Sartre, s’est très tôt distancé de l’idéologie communiste alors qu’il avait été membre du Parti communiste au début. Contrairement à d’autres, et à Sartre notamment, il ne s’est pas fourvoyé dans une apologie du communisme. Est-ce que vous pensez que c’est aussi pour cela qu’il est apprécié en République tchèque ? Il a été beaucoup traduit ces dernières années notamment...

Albert Camus
« Tout à fait. Il est sûr que la prudence de Camus vis-à-vis des idéologies ne peut que le rendre sympathique en notre temps où celles-ci sont toutes tombées. Mais, cet aspect des choses ne doit pas masquer la portée de révolte et de rébellion de Camus et nous faire croire qu’on est devant un gentil petit personnage qui n’aimait pas les méchants. Bien sûr qu’il ne les aimait pas, Sartre non plus d’ailleurs, même si sa position était plus ambiguë. Il faut comprendre que ses prises de position étaient faites au nom de la révolte, de la lutte pour l’émancipation des gens, et qu’il voyait dans le communisme un fourvoiement. Il ne faut pas croire que les critiques de Camus sont des critiques ‘de droite’ ou anti-populaires, au contraire... »

Albert Camus a eu un lien particulier avec la Bohême. Il s’est rendu en Tchécoslovaquie en 1936. Et il a situé une des ses pièces de théâtre en Bohême. Cette pièce c’est ‘Le malentendu’ qui a eu sa première en 1944. Pouvez-vous nous rappeler de quoi il retourne ?

Albert Camus
« Camus est venu en Tchécoslovaquie en 1936. Il s’est retrouvé tout seul à un moment donné, sans sa femme, vers Budějovice. Il a éprouvé un profond sentiment de solitude et d’exil. Cet instant très sombre va en effet lui servir de matière pour le Malentendu qui est en réalité basé sur un fait divers réel. C’est l’histoire d’un jeune homme qui rentre chez lui, 20 ans après. Il veut voir sa mère et sa sœur, mais ne se présente pas. Il estime qu’en tant que fils et frère, quelqu’un doit le reconnaître, même 20 ans après. Sauf qu’elles ne le reconnaissent pas. Ces deux dames avaient en outre la particularité de tenir une auberge où elles tuaient les gens pour récupérer l’argent. Elles le tuent, et quand elles découvrent la vérité, elles se suicident. Il s’agissait d’une histoire vraie qu’il avait lue le 6 janvier 1935 dans un journal. Et il en parle d’ailleurs dans L’étranger. »

C’est une scène ou Meursault trouve un extrait de journal en prison...

« C’est ça. C’est un passage rapide où Meursault fait finalement la même chose que Camus, il découvre l’histoire dans un journal... »



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