Hagibor, un foyer pour les survivants de la Shoah

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Ce mardi a été officiellement ouvert le foyer pour personnes âgées Hagibor. Un foyer destiné à accueillir les Juifs qui ont connu la déportation et les camps, qui y ont survécu et qui aujourd’hui ont souvent besoin de soins particuliers.

Le rabbin Karol Sidon,  photo: CTK
C’est par une prière de bénédiction et la pose d’une « mezouza » sur le chambranle de la porte d’entrée, que le rabbin Karol Sidon, a solennellement inauguré le foyer pour personnes âgées Hagibor.

Hagibor, en hébreu, cela signifie « héros ». Les personnes âgées qui y trouvent demeure ne sont pas forcément des héros à proprement parler, mais ce sont des survivants de la Shoah, des personnes qui ont besoin d’une attention particulière, comme l’explique Elena Jaroševská, directrice du foyer :

« Ils sont presque tous passés par les camps de concentration. Tout le projet Hagibor est né dans l’idée d’offrir un lieu à ces survivants, avec des soins appropriés. A côté des conséquences physiques, ils ont des blessures psychologiques. Ils ne se sont jamais remis du traumatisme. C’est en eux. Ils ont un numéro tatoué sur le bras, mais aussi dans leur mémoire. Les souvenirs reviennent. C’est pour cela qu’il est important d’être là, auprès d’eux, de leur dire : ‘n’ayez pas peur, ça va aller’. »

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Une nécessité, pour František Banyai, président de la Communauté juive de Prague, qui a investi 200 millions de couronnes (8 millions d’euros) dans la reconstruction et l’agrandissement du bâtiment de 1911.

« Je pense que le système de santé est et a toujours été excellent en RT. Mais les services sociaux ne sont pas assurés à un niveau suffisant, même s’ils existent bien sûr. Si l’établissement est de qualité et privé, il est toujours très cher. Ici, nous voulions fournir des soins standards, mais aussi tout un équipement et un environnement. »

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Les terrains ont été achetés par la communauté juive au début du XXe siècle qui déjà, à l’époque, y avait construit un hospice moderne. Dans les années 1920, le bâtiment est baptisé Hagibor, un stade pour le club sportif juif voit le jour à côté, des pièces de théâtre y sont montées régulièrement. Hana Faixová, une des résidentes de Hagibor, version 2008, faisait partie des enfants qui s’y rendaient dans l’entre-deux-guerres :

« J’ai connu Hagibor bien avant. Avant d’être déportée à 12 ans dans des camps de concentration, dont Auschwitz, j’y ai vécu une enfance merveilleuse. »

Pendant l’occupation, Hagibor sera le dernier lieu où les Juifs pourront encore se rassembler librement à Prague. A la fin de la guerre, le bâtiment sera encore un camp d’internement d’abord pour les Juifs, puis pour les nazis et collaborateurs, avant d’être transformé en hôpital pour enfants.

C’est ce lieu chargé de mémoire qui a été entièrement rénové. Aujourd’hui, le bâtiment historique cache un ensemble en forme de fer à cheval, moderne et discret, où les couleurs pastel et un jardinet intérieur donnent une impression paisible, même à deux pas d’une grande artère passante. Hana Faixová est, pour sa part, enchantée de sa chambre :

« En entrant, à droite, vous avez une très belle salle-de-bains avec une douche massante, une très jolie entrée qui mène à ma chambre. Il y a un lit et un fauteuil électrique qu’on peut régler. Il y a beaucoup de place au niveau du rangement. Ensuite, j’ai un très joli balcon qui donne sur le jardin. »

Vingt résidents occupent déjà les lieux. Mais celui-ci peut encore en accueillir une quarantaine, pour qui sont mis à disposition une salle de musique, des ateliers pour diverses activités, une salle de prière, une cantine avec de la nourriture casher. Un environnement où tout est fait pour que les personnes âgées trouvent au seuil de leur vie, sinon une paix intérieure, au moins un peu de réconfort et d’attention.