Forte augmentation du nombre de bébés prématurés en République tchèque

Photo: Maminka.cz

Le 17 novembre se déroulera la Journée mondiale de la prématurité, une manifestation lancée en 2009 à l’initiative de SOS Préma, une association française d’aide aux parents d’enfants prématurés. En République tchèque comme en France, la prématurité (la naissance d’un enfant avant la fin du 8e mois de grossesse) représente plus de 8% du total des naissances. Dans l’Hexagone, les statistiques parlent de 65 000 bébés nés avant terme, en République tchèque de 8 500 enfants « prémas », ce qui représente une augmentation de plus de 60% au cours des neuf dernières années.

Petr Zoban
Le pédiatre Petr Zoban travaille à l’hôpital de Prague-Motol, dans un des douze centres tchèques de néonatologie, destinés aux nouveau-nés prématurés. Nous l’avons rencontré lors d’un colloque, organisé à l’occasion de la Journée mondiale de la prématurité à Prague :

« Ces dernières années, le taux de naissances prématurées a encore augmenté en République tchèque, nous nous approchons du nombre de 10 000, ce qui est un chiffre vraiment très élevé. Malheureusement, il continue à progresser dans tous les pays développés, en Europe comme sur les autres continents, la République tchèque ne fait pas exception. Les causes de cette augmentation sont nombreuses et il faut avouer que certaines demeurent inconnues. Même si la médecine déploie des efforts considérables pour de baisser le nombre de naissances prématurées, on en arrive finalement à un effet contraire. »

Le développement massif, en République tchèque comme ailleurs, de la procréation médicale assistée est souvent mentionnée comme un des facteurs principaux expliquant l’augmentation du taux de naissances prématurées. Mais Petr Zoban ne partage pas entièrement cette opinion :

Photo: Maminka.cz
« Cette explication domine le débat sur la prématurité ces dix, quinze dernières années, marquées par la vulgarisation des méthodes de la procréation médicale assistée. Il est vrai que cette dernière favorise les grossesses multiples qui se terminent, très fréquemment, plus tôt qu’elles ne le devraient. C’est donc plutôt un effet secondaire et non pas la cause principale. Un des facteurs importants, en terme de prématurité, est le recul de l’âge de grossesse : il y a trente ans, les Tchèques accouchaient de leur premier enfant à 20, 25 ans. Aujourd’hui, elles ont entre 30 et 33 ans et un âge plus élevé chez la mère représente toujours un certain risque. Evidemment, il y a d’autres facteurs encore qui peuvent mener à une naissance prématurée, comme le diabète ou l’hypertension. »

Au cours des douze dernières années, la médecine tchèque a réussi à baisser de moitié le taux de mortalité en terme de prématurité dite « modérée », donc celle qui survient entre la 34e et la 37e semaine d’aménorrhée. Un succès incontesté, mais qui mène, avec la progression des naissances prématurées, à un déficit important d’espaces d’accueil. Les spécialistes dénoncent également l’absence d’un système préventif de soins à long terme pour les enfants prématurés.

Photo: Archives de ČRo7
Lenka Novotná est présidente de l’association civique Nedoklubko qui apporte, depuis 2006, un soutien aux enfants prématurés et à leurs familles. D’après elle, les parents manquent avant tout de soutien psychologique :

« Moi-même, je suis mère de jumeaux nés il y a six ans à la 27e semaine de ma grossesse. Mes enfants ont eu des débuts difficiles, maintenant, ils sont en bonne santé, mais nous sommes confrontés aux problèmes liés à leur scolarisation. Cette expérience m’a poussée à fonder cette association. Moi-même, j’ai eu un soutien psychologique efficace, mais ce n’était pas le cas de mon entourage. Ma famille ne savait pas comment s’y prendre. En Allemagne, par exemple, on distribue des brochures explicatives aux membres de la famille du nouveau-né et cela aide beaucoup. Il n’est pas tout-à-fait courant non plus qu’un service de néonatologie tchèque ait son psychologue qui s’occuperait des parents et aussi du personnel médical, comme c’est le cas des services d’oncologie par exemple. C’est une question de financements : non seulement il faut payer cette personne, mais il faut surtout la former. »

Pour sensibiliser les pouvoirs publics à la prématurité, La Fondation européenne pour les Soins aux Nouveau-nés présentera les 22 et 23 novembre prochains son plan d’action au Parlement européen.