Football : les affaires de corruption relèveront de la police

Foto: Kristýna Maková

Rien ne va plus au sein de la Fédération tchèque de football (FAČR) : alors que son comité exécutif a décidé, mercredi, de confier dorénavant toutes les affaires de corruption touchant au monde du football à la police, le président de la commission de discipline, Jiří Golda, a lui remis sa démission en signe de protestation. Au cœur de l’affaire : un scandale de corruption d’arbitres par le club du Viktoria Plzeň, champion de République tchèque en 2011 et actuel leader du championnat.

Daniel Křetínský,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Tout à commencé par une enquête pour corruption ouverte par la FAČR via sa commission de discipline concernant le Viktoria Plzeň, suite à des documents remis à l’automne dernier par le président du Sparta Prague, Daniel Křetínský, documents dont le contenu n’a jamais été révélé depuis. L’affaire prend de l’ampleur lorsque l’arbitre Tomáš Adámek reconnaît dans une lettre adressée à la FAČR avoir touché 200 000 couronnes, soit 8 000 euros, après la victoire 2-0 du Viktoria Plzeň contre Jablonec dans un match de championnat remontant à la saison dernière. L’enquête avançant peu, apparemment faute de preuves suffisantes apportées par Daniel Křetínský, la commission de discipline a récemment décidé de donner à ce dernier jusqu’au 7 février prochain pour apporter des preuves tangibles. Faute de quoi, le président du Sparta, le plus grand club du pays, pourrait lui-même faire l’objet d’une sanction pour diffamation. L’incapacité de la commission à résoudre cette affaire, faute de preuves, de moyens ou encore peut-être de motivation, a poussé le comité exécutif de la FAČR à prendre des mesures : dorénavant seule la police sera habilitée à mener des enquêtes touchant aux affaires de corruption. Une décision qui satisfait Pavel Procházka, rédacteur en chef du magazine sportif Hattrick.

« Cet ultimatum aurait pu ne pas être respecté et au lieu que la commission de discipline prenne des initiatives et agisse par elle-même, elle se contentait de réclamer des nouvelles preuves, dans le cas présent à Daniel Křetínský. Et si celui-ci n’avait pas présenté les preuves demandées dans les quinze jours, c’est lui qui aurait été sanctionné. Je trouve cette façon de faire quand même très étrange. Quelqu’un attire l’attention sur une affaire de corruption et il peut être sanctionné parce qu’il n’apporte pas en temps donné toutes les preuves demandées. »

Jiří Golda,  photo: CTK
Argument-clé de cette décision : éviter que des personnes sanctionnées par la commission de discipline ne se tournent vers un tribunal civil pour demander réparation. L’affaire « Křetínský contre Plzeň » ne sera donc plus du ressort de la commission disciplinaire, mais de la seule police. Une décision à laquelle s’oppose Jiří Golda, le président démissionnaire de la commission, qui doute des meilleurs résultats de la police et de la motivation de celle-ci à mener ces enquêtes.

« Ces affaires disparaîtront sous le tapis, sans égard pour ce qui pourrait se passer ensuite. Les dirigeants de la Fédération avancent comme arguments que le football a besoin d’un environnement et de relations avec les sponsors calmes et propres. Quelque chose comme ‘nous allons laisser les choses en l’état et continuer notre chemin’. Je refuse de participer à cela. Que pensez-vous que la police est en train de faire en ce moment pour ces affaires ? Rien. »

Autre élément d’importance : cette décision doit permettre d’apaiser le climat qui règne actuellement dans le monde du football tchèque et surtout de rassurer les sponsors. Miroslav Pelta, président de la FAČR souvent critiqué pour son passé trouble à la tête du Sparta, défend cette mesure. Selon lui, les effets négatifs de l’agitation liée à l’affaire Křetínský se ressentent déjà et portent préjudice aux clubs et à la FAČR :

Miroslav Pelta,  photo: CTK
« Par exemple je vais voir une entreprise, et ils me disent qu’ils étaient presque décidés à s’engager dans le football, mais qu’au vu de la situation, ce n’est pas le bon moment pour faire du sponsoring. Nous sommes touchés par cette affaire. Je suis comme ça : je cherche toujours à assurer des finances saines et stables. Ça fonctionne aussi pour le football : quand on a faim et soif mais qu’on n’a pas d’argent, ce n’est pas bon. Nous avons tous besoin d’argent et d’une bonne santé. »

L’affaire Křetínský et toutes les autres passent donc entre les mains de la police, en espérant que les craintes exprimées vis-à-vis de cette décision ne se vérifient pas et qu’elles ne disparaîtront pas sous une pile de dossiers.