Fin du système de pointage des chômeurs dans les postes tchèques

Photo: ČRo

Les demandeurs d’emploi doivent se préparer à un changement : le système DONEZ, système qui les oblige à pointer très régulièrement pour justifier de leur inactivité, va être supprimé. Jusqu’alors, s’ils n’effectuaient pas cette opération de contrôle, ils étaient purement et simplement radiés de la liste des chômeurs. Un système qui est censé lutter contre le travail illégal mais qui est surtout très critiqué par l’opposition social-démocrate, les syndicats et même le médiateur de la République qui lui reproche de porter atteinte à la dignité humaine et tout simplement de compliquer la vie des personnes sans emploi.

Photo: ČRo
Depuis la mise en place du système DONEZ en novembre 2011, des milliers de demandeurs d’emploi ont été rayés des listes du chômage. Parce qu’ils n’ont pas pointé au moins deux fois par semaines dans les bureaux de la poste tchèque, ils ont perdu leurs droits pour six mois. Pour motiver une absence, ils avaient bien sûr la possibilité de présenter un certificat de santé ou de justifier l’existence d’un enfant de moins de quatre ans mais ce sont avant tout de nouveaux embêtements administratifs qu’il n’est pas toujours simple de satisfaire. Impossible pour ces chômeurs de s’éloigner longtemps de leur domicile, alors qu’ils doivent pourtant parfois faire face à des imprévus, à l’image de cette femme de 25 ans qui réside dans la ville de Jihlava et raconte à la Radio tchèque :

« Nous sommes partis de façon inattendue, nous avons dû nous absenter et j’ai oublié de le signaler à la poste. A partir de là, on rencontre des problèmes importants mais je préfère ne pas m’étendre là-dessus. »

Ce projet était destiné à lutter contre le travail illégal selon la logique suivante : si les chômeurs pointent à la poste, ils ne sont pas en train de travailler au noir. Pourtant il ne semble pas difficile de contourner ce système et certains demandeurs d’emploi affirment même avoir dû renoncer à des entretiens d’embauche car ils devaient aller faire acte de présence à la poste.

Sous le feu des critiques, le projet est également dénoncé par le médiateur de la République qui estime qu’il porte atteinte à la dignité humaine. La social-démocratie considère quant à elle qu’il s’agit surtout pour l’Etat d’économiser sur le dos des plus faibles. 4 000 personnes ont été radiées et en cinq mois de fonctionnement 140 millions de couronnes sont donc restées dans les caisses de l’Etat. Cependant, la ministre du Travail Ludmila Müllerová a finalement décidé de revenir sur le projet DONEZ. Il s’achèvera en septembre prochain et sera assoupli d’ici là :

Ludmila Müllerová,  photo: Archives du gouvernement ČR
« Les gens vont continuer à se rendre aux bureaux de poste, mais ils s’y rendront moins souvent qu’aujourd’hui et il y aura également de nouvelles offres d’emploi proposées. D’ici fin août, les gens pointeront moins à la poste donc, et ils seront également moins nombreux à devoir le faire. »

Actuellement, sont concernés par le système DONEZ les demandeurs d’emploi répondant au moins à l’un de ces critères : enregistrés dans certaines branches professionnelles, âgés de moins de 26 ans, ayant travaillé au moins dix jours les six derniers mois. Ce groupe sera donc réduit. La suppression de ce système qui doit donc intervenir en septembre prochain ne rassure par forcément ses détracteurs qui craignent qu’il puisse ressurgir sous une forme différente par la suite, bien que le ministère affirme le contraire. C’est le cas de Pavel Čižinský de l’initiative ProAlt :

« Dans la loi, cette obligation de répondre à un appel, de pointer à un bureau du travail ou à la poste demeure, donc le ministère du Travail peut remettre en place ce système quand il le souhaite. Et nous y sommes fondamentalement opposés. »

Il insiste également sur son caractère inutile voire contre-productif. A noter enfin, que le système DONEZ est financé sur par des fonds européens jusqu’à fin 2013. Selon ses résultats, il était envisagé de le poursuivre. Il n’a visiblement pas fait ses preuves.