Filomena Borecká expose à Paris ses œuvres mouvantes et organiques

borecka_re_liance.jpg

Filomena Borecká est une jeune artiste tchèque qui vit en France depuis plusieurs années. Nous avons eu l’occasion de la rencontrer plusieurs fois afin de parler de son travail. Elle est actuellement exposée à la galerie Intuiti à Paris. Le galeriste, Christophe Gratadou, donne sa vision du travail de Filomena Borecká. Il a commencé par évoquer l’exposition intitulée re-liance :

« Filomena présente à la Galerie Intuiti, jusqu’à la fin du mois de janvier, l’exposition re-liance, qui est pour elle une réponse au phénomène social de la déliance qu’elle estime ambiante aujourd’hui. Concrètement, elle présente six dessins, c’est un travail sur papier, mais aussi des volumes en polyestère qui lui permettent de montrer son travail en trois dimensions. Et elle a réalisé une fresque directement sur le mur de la galerie. Ce qui fait la particularité de son travail, c’est qu’elle l’exécute à l’aide d’un crayon qu’elle dit ‘magique’. C’est un crayon fabriqué dans une usine tchèque, mais je ne vais pas me lancer dans le nom, parce que j’ai peur de faire une erreur ! »

Pour cela, je peux vous aider. Il s’agit d’une usine, celle de Koh-i-Noor, c’est un nom indien certes, mais c’est aussi une usine connue ici, en République tchèque, pour sa fabrication notamment de crayons.

« C’est un outil qui a la particularité de posséder une mine qui en contient plusieurs de différentes couleurs. Donc à chaque application l’artiste dépose sur le papier trois teintes différentes : rouge, jaune et bleu. Cela donne une expression graphique d’une fibre musculaire ou d’une fourrure vibrante. Ici, elle représente les liens de fraternité humaine qu’elle considère aujourd’hui comme en grand danger. D’où l’expression de ‘re-liance’. »

Cette mine spéciale donne une véritable plasticité, un volume à ces dessins. En effet, comme vous le précisez, elle les a également déclinés de manière tri-dimensionnelle puisqu’il y a des installations. Pourriez-vous un peu nous décrire, si c’est possible, à quoi cela ressemble pour les personnes qui ne peuvent pas le voir ? Car ce sont des formes très particulières, qui ont presque l’air en mouvement...

« Ce sont des traits de crayon qui donnent un mouvement comme l’expression d’un muscle, d’une fourrure qui vibre. La vibration vient de ces trois couleurs du crayon. En fait, les structures en 3D représentent aussi une grande légèreté, ce sont comme des nuages. Spécifiquement, l’installation de la galerie est en plus motorisée. Elle tourne sur elle-même, ce qui donne un effet assez spectaculaire. Il y a un mouvement, un souffle. Elle-même l’exprime en disant qu’il s’agit de l’expression graphique de l’énergie vitale. »

Vous parlez de souffle. C’est un des chantiers sur lesquels Filomena Borecká travaille beaucoup. Finalement, ce sont toutes des recherches qui s’entremêlent chez cette artiste ?

« Oui, absolument. En fait elle a collectionné des souffles humains. Elle détient 850 enregistrements et elle est très intéressée par la récolte de ce type de témoignages. Il faut comprendre que pour Filomena, le souffle, c’est l’expression de la relation humaine, de la fraternité. C’est une correspondance entre les gens. »

Suite de cet entretien avec Christophe Gratadou sur l’exposition de Filomena Borecká, dans une prochaine édition.