Festival Khamoro : le soleil rom se lève sur Prague

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Depuis lundi et jusqu’au 6 juin, la capitale tchèque se met à l’heure tsigane. Le festival de la culture rom, Khamoro, bat son plein dans la capitale tchèque, en dépit des difficultés financières qui menacent son existence.

En langue romani, « khamoro», cela signifie « soleil ». Et il en faut de l’optimisme et du soleil à l’heure où les journaux affichent les mauvaises nouvelles, notamment sur des attaques visant des Roms ou sur l’organisation de manifestations racistes contre cette minorité largement défavorisée. Le festival de la culture rom Khamoro s’efforce depuis 14 ans de faire tomber les barrières entre des communautés qui ont souvent renoncé au dialogue. En effet, comme le relève son organisatrice Jelena Silajdzic, le public du festival a bien changé depuis ses débuts :

Jelena Silajdzic,  photo: Kristýna Maková
« La première année nous avions 300 spectateurs rom qui ont applaudi gentiment après chaque chanson et sont ensuite rentrés chez eux. L’an dernier, nous avons eu 2 500 personnes rien que pour le concert de gala, un public complètement mélangé. Nous en sommes très heureux. Je crois même qu’il y avait plus de Tchèques que de Roms. Et puis la grande nouveauté, ce sont les familles tchèques avec leurs enfants, qui me disaient : moi, les Roms, je ne les aime pas trop, mais leur musique est exceptionnelle. Je les ai vus ensuite discuter sans problème avec des familles roms, s’amuser, danser et boire une bière. Cela leur a apporté beaucoup. Ce n’est pas un festival fait par les Roms pour les Roms, mais une présentation de la culture rom. »

Ainsi, jusqu’au 6 juin, le public pragois a l’occasion de découvrir cette culture rom au travers d’un programme riche en événements. Parmi ceux-ci on compte, notamment, un séminaire consacré aux nouvelles formes du racisme anti-rom en Europe, mais aussi un concert du groupe français Urs Karpatz programmé ces jeudi et samedi.

L’édition 2012 de Khamoro a failli ne pas avoir lieu. En effet, l’avenir du festival est menacé faute de financements suffisants. En attendant, Jelena Silajdzic détaille le contenu du programme de cette année :

« Le concept global du programme de Khamoro est environ le même depuis 14 ans. Nous avons de la musique rom actuelle, du jazz et du swing manouche, de la musique traditionnelle, un défilé rom, des séminaires mais aussi des groupe de travail à destination des jeunes roms. Cette édition 2012 est un peu différente car nous avons aussi organisé un défilé de mode : le couturier cubain Osmany Laffita a préparé une collection spéciale d’inspiration tsigane. Il a tout organisé et financé. Et nous lui en sommes très reconnaissants. »

Osmany Laffita,  photo: Kristýna Maková
Et c’est justement mardi que s’est déroulé le défilé de la collection préparée par le couturier Osmany Laffita, qui détaille le style de ses créations :

« C’est une collection très gaie. Il n’y a pas de style concret. Il y a énormément de couleurs, très joyeuses et des tissus très légers. J’ai essayé d’y insuffler un peu de l’esprit latino-américain et de style tsigane. »

Pour ceux qui n’ont pas pu voir le défilé de mode de mardi, il ne reste plus qu’à se rendre jeudi, à midi, sur la Place Venceslas, où se déroulera le traditionnel défilé de musiciens roms. Un moment festif qui fait traditionnellement partie des événements les plus appréciés du festival. L’occasion également d’y croiser certains des groupes étrangers venus en concert à Prague pour le soleil rom.

Plus d’informations : www.khamoro.cz