Festival de la musique ancienne : entre Prague et Versailles

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Ce lundi démarre le Festival de la musique ancienne à Prague. Organisée par l’ensemble tchèque Collegium Marianum, cette dix-septième édition fera voyager les amateurs dans la Venise baroque. Et pour la toute première fois, ce sera en collaboration avec le Centre de musique baroque de Versailles.

Depuis 2000, le Festival de la musique ancienne amène chaque été à Prague de nombreux virtuoses tchèques et étrangers afin de présenter des compositeurs et des œuvres classiques peu ou pas connus. Les concerts qui touchent souvent aussi les domaines du théâtre et de la danse, tout en utilisant des costumes et des chorégraphies de l’époque, se tiennent traditionnellement dans les plus beaux intérieurs des palais et églises pragois. Cette année, l’événement qui permettra donc de découvrir par exemple le monastère de Břevnov, le couvent Sainte-Agnès, la Salle espagnole du Château de Prague ou encore le palais Clam-Gallas, présentera une sélection des morceaux que l’on jouait à Venise au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, c’est-à-dire pendant la période baroque.

Un thème un peu paradoxal vu que le festival, soutenu depuis des années par l’Institut français de Prague, est organisé pour la toute première fois en coopération avec le Centre de musique baroque de Versailles (cf. http://radio.cz/fr/rubrique/faits/un-nouveau-partenariat-franco-tcheque-promeut-la-musique-ancienne-francaise-a-prague) qui entame ainsi avec Prague un nouveau partenariat. Trois des huit concerts figurant au programme de cet événement sont donc préparés par cette institution de grande renommée, dont le but est notamment de promouvoir la musique baroque française dans le monde. Directeur artistique du centre, Benoît Dratwicki présente deux premiers projets qui ouvrent le festival :

Les Folies françoises,  photo: Site officiel du Festival de la musique ancienne
« On a voulu faire trois formats très différents pour servir trois répertoires très différents. Le concert d’ouverture, ce sera avec l’ensemble français ‘Les Folies françoises’ en formation de chambre et avec la soprano israélienne Daniela Skorka. L’idée était de faire entendre des airs italiens, c’est-à-dire sur textes italiens, composés par des auteurs français, comme André Campra, ou francisés, comme Jean-Baptiste de Lully. Le programme d’ouverture montrera donc qu’on adorait l’Italie dans les salons français. Le deuxième programme, qui est confié à la claveciniste française Béatrice Martin, est donc un récital de clavecin. Il fera entendre des compositeurs français comme Jean-Philippe Rameau ou Joseph Bodin de Boismortier, mais aussi des compositeurs italiens comme Domenico Scarlatti, qui permettront de montrer les points communs entre la musique de clavier française et celle d’auteurs italiens. »

Vespres d’Arnadí,  photo: Site officiel du Festival de la musique ancienne
La programmation des autres soirées est aussi très variée et propose entre autre des grands concertos pour violons d’Antonio Vivaldi et des œuvres de Georg Friedrich Haendel ou de Claudio Monteverdi, interprétés par l’ensemble espagnol Vespres d’Arnadí, par le groupe allemand Singer Pur, par la soprano María Espada ou par la violoniste Cecilia Bernardini. Le Festival de la musique ancienne s’achèvera le 4 août avec un projet commun du Collegium Marianum et du Centre de musique baroque de Versailles dans la Salle espagnole au Château de Prague. Benoît Dratwicki :

Collegium Marianum,  photo: Site officiel du Festival de la musique ancienne
« Enfin, le dernier projet, c’était bien sûr pour montrer le côté opératique de la musique française qui est très important. Il y a une œuvre qui paraissait tout à fait appropriée pour finir le festival de manière festive. Il s’agit du ‘Carnaval de Venise’ d’André Campra, un opéra-ballet datant de 1699. A l’époque, il n’a pas du tout eu de succès mais il s’agit d’une pièce extraordinaire ce qui peut expliquer cet insuccès. Il y a de très beaux airs, de très belles pièces vocales, en français et en italien et des danses qui sont bien sûr des pièces chorégraphiques pour le ballet extrêmement intéressantes mais qui, même simplement orchestralement, sont des petits bijoux. »

Sławomir Zubrzycki joue de la viola organista,  photo: schubert / Site officiel du Festival de la musique ancienne
Outre cette coopération franco-tchèque, le festival propose une autre nouveauté et c’est une rareté : pour la toute première fois, un public tchèque pourra entendre la viola organista, un instrument de musique construit selon les esquisses du peintre et inventeur Léonard de Vinci.

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