Festival de Karlovy Vary : un road movie médiéval tchèque sacré dans la compétition principale

Karel Roden dans le film Křižáček

Le film Křižáček (Le Petit croisé en français) du réalisateur tchèque Václav Kadrnka a remporté le Globe de cristal du meilleur film du 52e Festival international du film de Karlovy Vary. C’est la première fois depuis quinze ans que le prix, remis samedi lors de la cérémonie de clôture dans la cité thermale de Bohême de l’Ouest, a été attribué à un film tchèque. Radio Prague vous propose de découvrir ce road movie médiéval inspiré d’un poème de Jaroslav Vrchlický, avec Karel Roden dans le rôle principal.

Karel Roden dans le film Křižáček
Influencé par différentes légendes sur la Croisade des enfants, petit Jeník, fils unique du chevalier Bořek, prend, un beau jour d’été, son armure et quitte son foyer familial pour partir vers la Terre sainte. Le père désespéré, interprété par le célèbre acteur tchèque Karel Roden, se met alors en route sur les traces de son fils. Mais comme si tous les éléments étaient réunis contre lui, le chevalier arrive systématiquement en retard et ne rencontre que des personnes qui ont vu passer ce « petit croisé »…

Sept ans après son premier film Osmdesát dopisů (Quatre-vingts lettres), qui raconte l’histoire d’un jeune homme qui cherche à quitter la Tchécoslovaquie communiste pour rejoindre son père vivant à l’étranger, le réalisateur Václav Kadrnka présente un nouveau film sur la relation entre un père et son fils. Intitulée Křižáček, cette coproduction tchéco-slovaco-italienne dont l’action se déroule au XIIIe siècle, est une adaptation libre et stylisée de « Svojanovský Křižáček », œuvre du célèbre poète tchèque Jaroslav Vrchlický. Václav Kadrnka poursuit :

Václav Kadrnka,  photo: ČTK
« Je cherchais l’inspiration pour un nouveau projet. Je voulais faire un film portant sur des ballades de Jaroslav Vrchlický. En lisant ses œuvres, je suis tombé sur le poème ‘Svojanovský Křižáček’. Ce livre a tout de suite captivé mon attention. Il est quasiment inconnu. Jaroslav Vrchlický l’a écrit vers la fin de sa vie à une période difficile. Cette angoisse est très visible dans le poème. J’ai aussi beaucoup apprécié le fait qu’il s’agissait en quelque sorte d’un road movie, d’une histoire d’un père sur la route qui essaie de rattraper son fils qui a fui la maison. »

Le film Křižáček est quasi muet. Václav Kadrnka explique ce choix :

« Il s’agit d’un poème épique de cent pages. Mais Jaroslav Vrchlický y emploie une langue très riche. Je savais depuis le début qu’il me faudrait aller au-delà du texte original. Tout en écrivant le scénario, j’ai travaillé aussi sur la visualisation de ces scènes. J’avais vraiment envie de raconter cette histoire à l’aide des images. »

Le réalisateur a travaillé sur son dernier film pendant quatre ans. Le long-métrage a été présenté en première mondiale la semaine dernière dans le cadre de la compétition officielle du Festival international du film de Karlovy Vary, où il figurait parmi les douze films en lice pour le prix principal. Comme l’ajoute son caméraman Jan Baset Střítežský, le tournage a eu lieu notamment dans le sud de l’Italie :

« La narration a été l’élément principal pour nous. Les décors sont en quelque sorte un autre acteur qui donne une nouvelle dimension à cette histoire. C’est en découvrant l’Italie que nous avons appris que ce pays nous proposait un vaste champ de possibilités. Nous y avons trouvé des cadres qui font penser aussi bien à l’Europe centrale qu’à des villes littorales. Même les forêts sont un peu différentes de celles en République tchèque, elles ont une atmosphère particulière, voire même mystique… Nous avons trouvé nous-mêmes beaucoup d’endroits qui apparaissent dans le film, et c’était très agréable. Nous avons voyagé en voiture. Nous sommes parfois arrivés dans des endroits sans savoir si la voiture pourrait s’en sortir. C’était une vraie aventure. Nous avons fait notre propre croisade. »

A noter qu’avant sa sortie en salles le 3 août prochain, le film Křižáček est projeté ces lundi, mardi et samedi dans les cinémas Světozor à Prague et Scala à Brno, et ce dans le cadre des « échos » du Festival international du film de Karlovy Vary.