Etat et clergés tchèques trouvent un accord sur les restitutions

Les Eglises tchèques ont accepté le projet de restitution des biens confisqués et de compensation financière pour leurs biens ne pouvant pas être restitués. C’est un pas important dans le processus du règlement des rapports entre l’Etat et les Eglises, processus qui se poursuit pratiquement depuis la chute du régime communiste en 1989.

Jiří Besser  (à droite) et Dominik Duka,  photo: CTK
D’après le projet, acceptable pour toutes les parties concernées, l’Etat restituerait aux Eglises et aux mouvements religieux 56 % de leurs biens et leur verserait progressivement aussi une compensation de 59 milliards de couronnes, quelque 2,36 milliards d’euros. Cependant les Eglises ne recevront pas immédiatement cette somme mais les versements s’échelonneront sur une période de 30 ans. La loi sur le règlement des rapports entre l’Etat et les Eglises pourrait entrer en vigueur en 2013. Le ministre de la Culture Jiří Besser se montre optimiste en ce qui concerne l’accueil qui sera réservé à la loi au Parlement :

« J’espère que nous serons capables de nous mettre d’accord au Sénat et à la Chambre des députés pour considérer que cette façon de régler les problèmes entre l’Etat tchèque et les Eglises est le meilleur projet que nous soyons en mesure de préparer et que nous obtiendrons pour le règlement le soutien de 101 députés. »

L’archevêque de Prague et primat de l’Eglise catholique tchèque Dominik Duka salue ce consensus qu’il considère comme un chemin vers l’indépendance des Eglises. Il constate que c’est l’Eglise catholique romaine qui sera le principal bénéficiaire de la réalisation de ce projet :

Photo: Archives de ČRo7
« Les biens disponibles sont répartis de cette façon parce que la majorité de ces biens appartenaient à l’Eglise catholique romaine. Il existe bien sûr une certaine quantité des biens non catholiques et ceux de la fédération des communautés juives. La part de l’Eglise catholique romaine représente donc 80 % des biens concernés et il reste 20 % pour les autres confessions. »

L’Etat devrait restituer aux Eglises un peu plus de la moitié de leurs biens confisqués sous le communisme, édifices, terrains agricoles, forêts, étangs, etc. La loi est donc attendue impatiemment non seulement par les milieux religieux, mais aussi par les villes et les communes où se trouvent les biens en question. La loi permettra de redéfinir les rapports de propriété dans tout le pays et les Eglises auront la possibilité de disposer de leurs biens, de les exploiter, de les restaurer et de les vendre.

Dominik Duka et Joel Ruml  (à droite),  photo: CTK
L’objectif de la loi est de parvenir à une indépendance économique des Eglises et des mouvements religieux. A l’heure actuelle, l’Etat verse aux Eglises annuellement 1,5 milliard de couronnes, quelque 60 millions d’euros mais les biens confisqués rapportent 4,5 milliards de couronnes (180 millions d’euros). Pour le président du Conseil œcuménique des Eglises Joel Ruml, le projet gouvernemental est acceptable bien qu’il le considère comme quelque peu désavantageux pour les Eglises non catholiques. Il rappelle qu’il faudra encore discuter de la durée de la période transitoire pendant laquelle les Eglises recouvreront leur indépendance économique :

« Déjà en 2008 on comptait sur une période transitoire de 20 ans. Cette période resterait donc transitoire aussi dans le nouveau projet. Pendant ces deux décennies sera progressivement réduit et finalement achevé le financement des Eglises par le budget de l’Etat. Mais en ce qui concerne la durée, l’avis de la commission gouvernementale et celui de la commission ecclésiastique divergent. »

La commission gouvernementale se réunira avec les représentants des Eglises de nouveau le 25 août. C’est au cours de cette rencontre que doit être définitivement fixée la durée de la période transitoire.