Etablissement de relations diplomatiques entre Prague et Vaduz

La République tchèque établira des relations diplomatiques avec la principauté de Liechtenstein, le seul Etat à ne pas avoir reconnu la création de la République tchèque, en 1993, à cause d’un différend patrimonial historique.

Jan Kohout,  photo: CTK
Cette décision est une surprise. Elle a été annoncée lundi par le ministre des Affaires étrangères Jan Kohout :

« Vu l’intérêt de longue date de notre pays pour la normalisation des rapports avec la principauté de Liechtenstein, et après entente réciproque, le cabinet a décidé de l’établissement de relations diplomatiques qui permettront, nous l’espérons, de développer une coopération plus étroite au niveau des institutions internationales aussi bien que dans le cadre du processus d’intégration européenne. »

Et le ministre de souligner que les relations diplomatiques sont établies sans conditions ni revendications quelconques. La confiscation des propriétés foncières de la famille Liechtenstein situées notamment dans le sud de la Moravie, aux termes des décrets du président Beneš, constituait jusqu’à aujourd’hui une entrave aux relations entre les deux pays. L’une des conséquences en était la non reconnaissance de la souveraineté de la République tchèque par la principauté de Liechtenstein, en 1993.

Château de Valtice,  photo: CzechTourism
Une parenthèse historique : Les Liechtenstein ont acquis d’énormes biens sur notre territoire après 1620, date de la défaite de la Montagne Blanche. Les plus connus d’entre eux sont les domaines de Valtice et Lednice, dans le sud de la Moravie. La République tchécoslovaque proclamée en 1918 a exproprié une grande partie de terres et forêts ayant appartenu aux Liechtenstein, sur la base de la réforme foncière. Le reste a été confisqué après 1945 conformément aux décrets Beneš.

En 1989, le prince Hans Adam II a fait la première tentative en vue de se faire restituer les anciens biens de la famille, évalués à 100 millions d’euros. La demande de restitution a été rejetée comme infondée. N’empêche que Prague n’a jamais cessé de réitérer sa préparation à l’établissement de relations diplomatiques, mais sans conditions quelconques. Seize ans après la partition de la Tchécoslovaquie, cet objectif est maintenant atteint. Jan Kohout :

« La déclaration sur l’établissement de relations diplomatiques est accompagnée d’un mémorandum par lequel les deux pays s’engagent à mettre en place une commission d’historiens destinée à contribuer à la connaissance de l’histoire commune et à orienter les relations entre les deux pays vers l’avenir. »

Pour la partie tchèque, la signature de la déclaration ouvre en même temps la voie à l’édification d’un système d’accords réciproques qui font défaut.