En Irlande, Václav Klaus s’est présenté en « dissident de l’UE »

Václav Klaus, photo: CTK

Le président Václav Klaus a achevé, mercredi, une visite officielle de trois jours en Irlande, un des quatre pays de l’Union européenne, avec la République tchèque, à ne pas encore avoir ratifié le traité de Lisbonne. Fort de sa réputation d’eurosceptique qui l’accompagne désormais lors de chacune de ses sorties, Václav Klaus a profité de son passage symbolique en Irlande pour réaffirmer son opposition au traité réformateur des institutions européennes. Mais son discours n’a pas forcément été bien accueilli ni à Dublin ni à Prague.

Mary McAleese et Václav Klaus,  photo: CTK
On se souvient qu’en juin dernier, quelques heures à peine après l’annonce de la victoire du « non » lors du référendum irlandais, Václav Klaus avait été l’un des premiers responsables politiques européens à réagir et l’un des rares à se féliciter de ce qu’il avait alors désigné comme la fin du traité de Lisbonne et une « victoire de la liberté et de la raison sur les projets élitistes artificiels et la bureaucratie européenne ». Six mois plus tard, la position du président tchèque n’a pas évolué d’un iota. C’est ce qu’il a fait savoir, lundi, à son homologue Mary McAleese et au Premier ministre irlandais Brian Cowen. A l’issue de sa rencontre avec ce dernier, Václav Klaus a indiqué que le chef du gouvernement irlandais n’avait pas encore adopté de mesures concrètes visant à une ratification à laquelle il est favorable :

« Il réfléchit sur la manière de résoudre la situation apparue suite au résultat du référendum en juin. Je pense qu’ils n’ont pas encore pris de décision mais ils espèrent que cela ne constituera pas un nouvel obstacle au bon fonctionnement de l’Irlande au sein de l’UE. Je ne peux donc pas affirmer avoir vu chez le Premier ministre irlandais des ambitions dramatiques de trouver une solution demain ou après-demain. D’après les déclarations qu’il a faites, mon opinion est qu’il sait qu’ils ne peuvent pas précipiter les choses de quelque manière que ce soit. La situation n’a donc pas encore mûri pour qu’ils puissent dire aujourd’hui ce qu’ils vont faire. »

Václav Klaus,  photo: CTK
Fréquemment critiqué à Bruxelles comme à Prague pour ses positions qui vont à l’encontre de celles d’un large spectre de la scène politique tchèque, Václav Klaus s’est défendu en se qualifiant de « dissident de l’UE ». C’est donc sans surprise qu’il a répondu, mardi soir, à l’invitation à dîner faite à titre privé par un autre « dissident de l’UE », Declan Ganley, principale figure de la campagne du « non » en Irlande avant le référendum. A cette occasion, le président tchèque a répété que, selon les sondages, les Tchèques partageaient la position de refus des Irlandais. Des propos auxquels le ministre irlandais des Affaires étrangères, Michael Martin, a réagi en les qualifiant « d’absurdes, superficiels et faux ».

C’en est trop également pour certains à Prague, notamment pour les Verts, un des trois partis de la coalition gouvernementale, qui ont vivement reproché à Václav Klaus de diffuser ses positions personnelles au détriment de celles officielles du gouvernement, contribuant ainsi à donner une image erronée de la politique du pays en matière d’affaires européennes. Un gouvernement tchèque qui, rappelons-le, entamera toutefois la présidence de l’UE en janvier prochain en étant probablement l’un des derniers pays avec une Irlande qu’il reste encore à convaincre à ne pas avoir su ratifier dans les délais espérés le traité de Lisbonne. Et comme l’a remarqué le quotidien irlandais Irish Examiner, « il semble que la présidence tchèque puisse être aussi explosive qu’une autre célèbre invention tchèque, le semtex ».