Deux chorales française et tchèque joignent leurs voix

Le Madrigal de Lille et la chorale MáTa, photo: Fançois Cypriani

Le 28 septembre, le cloître d’Emmaüs, monastère des frères slaves de Saint-Benoît et célèbre pour ses clochers modernes, accueillait deux chorales dont une française, pour un concert à l’occasion de la Saint Venceslas.

Le Madrigal de Lille et la chorale MáTa,  photo: Fançois Cypriani

La chorale française Le Madrigal de Lille s’est jointe au chœur tchèque de MáTa dans le célèbre cloître d’Emmaüs, dans la Nouvelle-Ville, pour un concert unique en son genre. La Saint Venceslas était l’occasion pour les deux chorales de se produire dans plusieurs langues chacune à son tour avant d’interpréter deux pièces à l’unisson. Alors que la première partie exécutée par MáTa s’est révélée parfois surprenante par ses changements de rythmes et de registres, le Magistral de Lille a préféré des œuvres davantage « contemplatives » selon les termes de Madeleine Saur, cheffe de chœur et claveciniste qui raconte en détail son programme au micro de Radio Prague International :

« Le programme ‘A la russe’ est un programme que l’on a donné la saison passée. L’idée était de faire de la musique russe mais pas écrite par des Russes. On a seulement trois petites pièces écrites par un compositeur russe, Alfred Schnittke [« Three sacred hymns », ndlr]. Pour le reste, il s’agit de beaucoup de compositeurs français qui ont écrit des Bogoroditse Dievo [François Branciard ; Jean-Louis Thomas, nldr] et une commande à un compositeur lillois qui a écrit une pièce en regard à celles de Schnittke [Pierre-Jean Beaudoin, « Lord Jesus Christ, son of God », ndlr]. Enfin, nous avons une pièce qui s’appelle Jiv, de Thierry Machuel, un compositeur contemporain français qui a écrit cette pièce sur un des textes d’Ossip Mandelstam, poète contre-révolutionnaire en URSS, qui a été enfermé et qui a eu une vie difficile. Ce sont de très beaux textes. »

Chanter devant une audience presque entièrement tchèque et interpréter l’hymne folklorique tchèque « Tancuj, Tancuj », voilà qui n’a pas fait peur à la chorale française, bien que beaucoup de membres n’aient jamais chanté dans cette langue auparavant, comme le précise Madeleine Saur :

« Heureusement, on a un Tchèque dans le chœur donc il nous a un peu aidés là-dessus. Ce n’est pas trop compliqué je crois. On fait pas mal de langues étrangères quand on chante. On chante en estonien, en finnois, en suédois et donc on est habitué à la phonétique. Mais, il y beaucoup de sonorités notamment dans les voyelles que l’on n’a pas du tout dans la langue française et donc ce n’est pas parfait, évidemment [rires] »

Le programme ‘A la russe’ se clôture donc par cette dernière représentation à Prague, bien loin des briques lilloises. Mais ce n’est pas un hasard si Madeleine Saur et les 34 autres membres de la chorale se sont retrouvés dans la capitale tchèque pour plusieurs jours. Elle nous l’explique :

« C’est justement Štěpán qui est Pragois mais qui habite en France depuis quelques années, et qui chante chez nous depuis deux ans, qui avait très envie de nous emmener ici, de nous faire partager la République tchèque et de faire en sorte que ce projet fonctionne. Il a donc travaillé jour et nuit, envoyé beaucoup de mails et passé beaucoup d’appels pour que cela puisse se faire et on est très contents d’être là. »

Le Madrigal de Lille et la chorale MáTa,  photo: Thomas Perocheau

C’est en effet un accueil très chaleureux qu’avaient réservé les membres de MáTa avec un riche programme de visites et d’activités pour découvrir la capitale. Si elle est de 25 ans la cadette du Madrigal fondé en 1967, la chorale MáTa est plus familière de ce genre de rencontres comme nous le raconte Helena Velická, cheffe de chœur depuis 2006 :

« On rencontre beaucoup de chœurs du monde entier. On a une amitié vraiment très chaleureuse avec une chorale en France, à Pau dans les Pyrénées. On a été là-bas deux fois déjà et ici, dans cette salle, on a chanté ensemble l’année dernière. »

MáTa, elle aussi, avait mis à l’honneur des compositeurs nationaux avec par exemple « Graduale » de Leoš Janáček ou encore « Deux balades : Ranoša et La fille ensorcelée » par Vítězslav Novák.

Une rencontre bilingue dont le fameux Štěpán a assuré la médiation se faisant tantôt interprète en tchèque, tantôt en français pour que les auditeurs puisse être pleinement immergés tout au long du concert.

La soirée s’est donc achevée sur la réunion des chœurs qui ont interprété ensemble « Le jardin féérique » de Maurice Ravel et l’hymne populaire tchèque « Danse, danse » (Tancuj, tancuj).