Des gratte-ciels pourront voir le jour sur les hauteurs pragoises

Le panorama de Prague pourrait définitivement changer avec cette décision En effet, le ministère de la Culture vient de mettre fin à la procédure administrative en cours concernant la construction de gratte-ciels sur la colline de Pankrac.

L’église Saint-Nicolas | Photo: Štěpánka Budková,  Radio Prague Int.
C'est une affaire qui dure dont Radio Prague a d'ailleurs parlé à plusieurs reprises au cours de ces dernières années. Et ces derniers temps, il est fréquemment question d'architecture et de bâtiments qui, selon les personnes, selon les camps, doivent enrichir ou défigurer Prague. Il suffit de penser à la récente polémique autour de la future bibliothèque nationale ou de la possible construction de gratte-ciels dans le quartier de Holesovice.

C'est le serveur Internet Euro Online qui a lancé l'information ce lundi, faisant écho aux déclarations de la société ECM, le principal investisseur immobilier qui a racheté une partie des terrains de la plaine de Pankrac dès le début des années 2000. Le ministère de la Culture a tranché : le projet de bâtiments ne va pas à l'encontre des valeurs de la réserve historique de la ville de Prague, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1992.

Vlado Milunic
Contre les promoteurs immobiliers qui veulent faire de ce quartier un petit « Manhattan » pragois, certaines associations citoyennes ont décidé de se battre, mais aussi un architecte croate qui se veut engagé, Vlado Milunic, co-auteur de la Maison dansante à Prague, avec Franck Gerry. Il s'était exprimé au micro de RP l'année dernière :

« Ma position, c'est que pour Prague, c'est tout à fait tragique, parce que Prague, c'est une ville de tours : je ne veux pas que Prague soit une ville de gratte-ciels. Shangaï en Chine a 20 millions d'habitants et 3 000 gratte-ciels or, c'est complètement stupide d'importer cela dans une ville aussi exceptionnelle et à l'identité aussi particulière que Prague. A Prague, il y a une influence méditerranéenne, des Italiens, à l'époque baroque, et en même temps, une influence du Nord avec les Allemands, et même les Français, les Hollandais : ce mélange fait la spécificité de son identité. »

Mirek Topolanek,  photo: CTK
En juin dernier déjà, le ministère de la Culture avait stoppé la procédure administrative en attendant les conclusions de la commission de l'UNESCO. Celle-ci s'est réunie fin juin en Nouvelle-Zélande. D'après le président du comité tchèque de l'ICOMOS (Conseil international des monuments et des sites), Josef Stulc, la commission de l'UNESCO aurait exprimé de graves inquiétudes quant au projet de gratte-ciels, premier pas avant une possible inscription sur la liste du patrimoine menacé. Le ministère de la Culture a pris note, tout en précisant que la commission n'avait pas exprimé de refus catégorique pour autant.

Avant-dernier rebondissement en date, la semaine dernière, la rédaction Internet de l'hebdomadaire Tyden avait publié sur son site les déclarations du premier ministre Mirek Topolanek, lors d'une rencontre informelle. Il avait alors déclaré que Prague pourrait fort bien être rayée de la liste du patrimoine de l'UNESCO sans que cela ne lui porte préjudice. Avant de rajouter que la ville pourrait même en tirer bénéfice. Des déclarations « off » que le premier ministre a ensuite démenties par l'intermédiaire de son porte-parole ; celui-ci a précisé que Mirek Topolanek n'avait jamais envisagé de retirer Prague de la liste de l'UNESCO. Rappelons que s'il existe des sites classés sur la liste des monuments en péril, aucun pays ne s'est jamais retiré volontairement du club prestigieux de l'UNESCO.