Dépolluer Spolana, l'un des plus lourds "fardeaux écologiques" du pays

Spolana

Direction Neratovice, une ville située à quelques kilomètres au nord de Prague, à côté de laquelle se trouve l'usine chimique Spolana, au bord de l'Elbe. Spolana, pour tous les Tchèques, est synonyme de pollution ou pire, de catastrophe écologique. Aujourd'hui le gouvernement veut commencer à nettoyer ce site, mondialement réputé pour les matières toxiques que l'on y trouve, notamment de la dioxine de type Seveso, la plus nocive. Cette semaine, un important projet de 'dépollution' y a été inauguré.

Les travaux de préparation sont en phase terminale. D'ici peu de temps, on ne pourra plus pénétrer sans protection dans les infrastructures construites autour du bâtiment à dépolluer. Un bâtiment laissé en l'état depuis près de quarante ans, fermé en raison des maladies contractées par les ouvriers. De 1965 à 1968, Spolana fabriquait dans cette unité un pesticide dont la composition était identique au fameux « agent orange », utilisé par l'armée américaine au Vietnam... Tous les ouvriers qui ont travaillé dans cette enceinte seraient décédés ; le dernier d'entre eux l'année dernière.

Laurent Bickert est directeur des projets pour la société Suez environnement, chargée via sa filiale tchèque, Sita, de dépolluer ce site avec une société britannique, TCSR.

« Le cahier des charges demandait de trouver une solution pour traiter et dépolluer les sols et les bâtiments tout en protégeant l'environnement et en assurant non seulement la sécurité des habitants qui sont juste derrière ce bâtiment et des ouvriers du reste de l'usine Spolana mais aussi celle de notre personnel. »

160 ouvriers, équipés de scaphandres, vont être chargés pendant deux ans de traiter près de 35 000 tonnes de déchets toxiques, à l'aide d'un procédé spécial, dans un espace hermétiquement fermé. Laurent Bickert:

« Ici, nous sommes au coeur du procédé BCD (décomposition basique catalytique), procédé américain. On récupère toutes les poussières contaminées à la dioxine et tout ce qui est liquide pour mélanger avec de l'huile puis de la soude avec un catalyseur dans un énorme réacteur pour chauffer le tout à 350°C. »

Cet immense projet représente pour les autorités tchèques un investissement de 90 millions d'euros, financé grâce aux privatisations. Un projet assez exceptionnel pour plusieurs raisons, comme le souligne Jean-Louis Chaussade, directeur général de Suez environnement :

« Il y a d'abord le niveau très élevé de contamination du site, mille fois supérieur aux normes de l'OMS... Puis le double souhait du gouvernement : de traiter la pollution sur site et de ne pas utiliser d'incinération pour éviter les risques. Trois contraintes qui nous ont amené à faire ce projet avec différentes étapes. On part de 35 000 tonnes pour arriver à 50 tonnes de déchets toxiques. »

A la fin du processus de dépollution, prévue pour décembre 2007, ces cinquante dernières tonnes de déchets toxiques seront vraisemblablement incinérées à Ostrava.

Plus d'infos sur ce projet demain dans notre rubrique Economie/commerce