Décès de Ladislav Adamec, dernier chef du gouvernement communiste

Ladislav Adamec, photo: CTK

L'ex-premier ministre tchécoslovaque, Ladislav Adamec, est décédé, samedi, à l'âge de 80 ans. Il dirigeait le cabinet au moment de la chute du régime communiste et en tant que haut dirigeant du PCT, il négociait avec l'opposition.

Ladislav Adamec,  photo: CTK
S'il n'y avait pas eu le 17 novembre 1989, Ladislav Adamec serait resté l'un de la pléiade des chefs de gouvernement communistes. En 1989, il était le seul haut dirigeant communiste à s'asseoir à la table des négociations avec l'opposition. Vaclav Havel, alors dissident, qui n'aurait jamais cru pouvoir tendre la main à un apparatchik, a fait ce geste envers Ladislav Adamec. Le rocker Michael Kocab, présent à la table des négociations en novembre 1989, qualifie positivement le rôle de Ladislav Adamec, sa préparation aux négociations, son courage de se séparer du CC du PCT. D'après certains historiens, Adamec a agi de cette façon pour s'assurer une position. « Pas du tout un démocrate, mais un technocrate pragmatique, plus prévoyant que les autres, » dit de Ladislav Adamec l'écrivain Pavel Kosatik. Pour l'historien Jan Kalous, même si Adamec était capable de négocier avec l'opposition, il était incapable de réagir aux changements et de surmonter son passé.

Issu d'une famille minière du nord de la Moravie, Ladislav Adamec a adhéré au parti communiste en 1946. Diplômé des Hautes études politiques, il édifia sa carrière depuis les années 1960. Sa carrière politique a atteint son sommet dans la période où le régime communiste commençait à s'écrouler: il préside le gouvernement tchèque, puis fédéral, et il est chargé de composer le premier gouvernement d'après novembre 1989. Or il essuie un échec, après avoir proposé que les trois quarts des sièges soient occupés par les communistes. Il s'est présenté avec ce projet devant des milliers de manifestants ayant rempli l'esplanade de Letna :

Vaclav Havel et Ladislav Adamec à Letna en 1989,  photo: CTK
« Je crois pouvoir obtenir votre plein soutien. » La foule a réagi par les cris : Démission !

Selon son conseiller d'alors, Oskar Krejci, Ladislav Adamec a toujours été isolé, même à l'intérieur de son parti. Il était le seul à flirter avec les idées réformatrices de la perestroïka de Gorbatchev. Jiri Zak, historien, le confirme :

« Comme il ressort des propos d'après-novembre 89 faits par le chef du CC du PCT d'alors, Milous Jakes, ce dernier a considéré Ladislav Adamec comme un traître à la cause communistes. »

Ladislav Adamec est resté dans la politique encore après la révolution de Velours. Il a réussi aux élections à l'Assemblée fédérale, a eu l'ambition de devenir président de la République. Pendant 6 mois il a dirigé le PC. Ces dix dernières années, il a vécu à l'écart de la vie politique et publique.