Crise gouvernementale : le parti chrétien-démocrate met Gross au pied du mur

Le Premier ministre Stanislav Gross, photo: CTK
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Depuis samedi dernier, le Premier ministre social-démocrate Stanislav Gross doit faire face à la fronde du deuxième parti de sa coalition, le parti chrétien-démocrate, qui réclame sa démission. La crise liée aux finances privées du chef du gouvernement ainsi qu'à celles de son épouse s'annonce plus grave que prévue.

Le Premier ministre Stanislav Gross,  photo: CTK
Miroslav Kalousek a réussi à surprendre tout le monde. Alors que le microcosme politique pragois s'attendait à un apaisement dans la crise que traverse le gouvernement depuis quelques semaines, le chef du KDU-CSL (parti chrétien démocrate - parti populaire tchéco-slovaque) a réclamé samedi la tête de Stanislav Gross, après un entretien apparemment musclé entre les deux hommes.

« Nous respectons le droit de la social-démocratie à nommer un nouveau Premier ministre, »a indiqué Kalousek après la rencontre. Cela signifie que si les sociaux-démocrates décident de remplacer le chef du gouvernement par une personne plus digne de confiance, nous continuerons de travailler comme un partenaire loyal au sein de la coalition, exactement comme nous l'avons fait lorsque Stanislav Gross a pris la place de Vladimir Spidla. Nous ne posons pas d'ultimatum. Il y a un problème, et il doit être réglé le plus rapidement possible. Ce n'est pas nous qui en portons la responsabilité, mais Stanislav Gross. »

Miroslav Kalousek,  photo: CTK
Miroslav Kalousek avait pourtant obtenu des garanties du Premier ministre, qui s'était engagé à faire la lumière sur les différentes créances qui lui ont permis d'acheter son appartement luxueux désormais célèbre et à confier les affaires de son épouse à un cabinet d'avocat. Cela n'a, apparemment, pas suffi, et la révélation des liens entre Sarka Grossova et la propriétaire d'une maison close a l'air d'avoir été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Stanislav Gross, qui bénéficie toujours du soutien de son parti, n'envisage pas de démission pour l'heure, une démission qui, aux termes de la Constitution, entraînerait automatiquement la chute du cabinet.

« Il n'est pas possible qu'un parti reste membre de la coalition, si ce parti considère que le chef de cette coalition manque à ce point de crédibilité qu'il doit démissionner. Si j'ai le soutien du parti social-démocrate, je suis prêt à envisager le départ des trois ministres chrétiens-démocrates du gouvernement », a déclaré dimanche Stanislav Gross

Le dénouement de cette crise pourrait avoir lieu mercredi prochain, date à laquelle Stanislav Gross et Miroslav Kalousek devraient à nouveau se réunir.

Le Président Vaclav Klaus et Stanislav Gross,  photo: CTK
Les hypothèses sur la suite des événements sont diverses : soit les ministres chrétiens-démocrates quittent le cabinet et Stanislav Gross ne dirige plus qu'un gouvernement minoritaire avec les libéraux du parti unioniste et le soutien des communistes au Parlement, soit le Premier ministre décide de démissionner et se fait remplacer par un membre de la social-démocratie. Mais les tensions entre chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates pourraient aussi s'apaiser et la tâche de la coalition actuelle pourrait être menée par Stanislav Gross jusqu'à son terme, en juin 2006. L'hypothèse la plus extrême - mais qui reste envisageable - est celle d'élections législatives anticipées.

La dernière fois qu'une coalition tripartite s'est effondrée, c'était en 1997 et Vaclav Klaus, alors Premier ministre, avait été contraint de démissionner suite au scandale lié au financement frauduleux de son parti. Un gouvernement de transition chargé d'organiser des élections législatives avait été nommé par le Président Havel. Klaus, aujourd'hui président de la République, doit rencontrer un à un les principaux acteurs de la crise actuelle. Après ses entretiens avec Gross et Kalousek dimanche et lundi, il a seulement fait comprendre qu'il souhaitait que les deux trouvent un arrangement qui ferait « sortir le gouvernement de l'impasse dans laquelle il se trouve ».