Coup de théâtre à Czech Airlines

Jaroslav Tvrdik, photo: CTK

L'ancien ministre de la Défense, Jaroslav Tvrdik, vient d'être nommé à la tête de la compagnie aérienne tchèque, CSA. Une décision qui suscite bien des points d'interrogation.

Jaroslav Tvrdik,  photo: CTK
Il est de coutume, pour les grandes sociétés, que les directeurs soient recrutés par des appels d'offres. Il n'en a pas été ainsi pour les Czech Airlines : le nouveau directeur a été nommé directement par le Conseil d'administration, présidé par le vice-ministre des Finances, Eduard Janota. Il faut dire que la compagnie aérienne tchèque est une entreprise publique, propriété de l'Etat, par le biais de deux actionnaires, le Fonds du patrimoine national et l'Agence de consolidation tchèque.

 Miroslav Kula,  photo: CTK
Que reprochait-on à l'ancienne direction, en l'occurence la présidence conduite, depuis cinq ans, par Miroslav Kula ? En fait, pas grand-chose, si ce n'est le fait que les Czech Airlines se trouvaient dans le rouge depuis quelques années, un manque à gagner dû à des facteurs objectifs, comme les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis ou les inondations de l'année dernière en Tchéquie. La société devrait se retrouver dans les « chiffres noirs », d'ici à la fin de cette année, donc rien d'urgent. Les observateurs voient plutôt, dans le changement des membres de la présidence et du président des Czech Airlines, une décision politique. Rappelons que Jaroslav Tvrdik a démissionné de son poste de ministre de la Défense, en raison de problèmes rencontrés lors de ses efforts de réformer l'Armée tchèque. Il n'est pas un spécialiste de l'aviation civile, a fait carrière dans l'armée et possède donc une faible expérience dans la direction d'une grande société. Le Conseil d'administration, en dehors de raisons économiques, affirme qu'il veut appliquer le modèle allemand pour les Czech Airlines. Cela veut dire renforcer les pouvoirs de décision de ce conseil au détriment de la direction elle-même, la présidence, qui devient une direction administrative seulement.

Les plus concernés, les employés, sont sceptiques. Le fait que le nouveau chef de la compagnie n'ait pas été choisi par un appel d'offres ne plaît pas aux syndicats des CSA. Leur chef, Roman Cizek, affirme que l'aviation civile étant un secteur spécialisé et demandant une très haute qualification, il ne devrait pas y avoir de place pour les intérêts personnels ou de certains groupes. Le ministre des Affaires étrangères, Cyril Svoboda, président de la démocratie chrétienne, faisant partie de la coalition gouvernementale, est du même avis. Pour les spécialistes, par cette nomination on renforce le rôle de l'Etat dans la compagnie Czech Airlines et on « case » un ancien ministre.