Coronavirus : Prague se prépare à une deuxième vague

Pont Charles, photo: Sabina Vosecká, ČRo

Alors que la levée des diverses mesures de restriction qui ont permis de faire face à l’épidémie de coronavirus bat son plein, Prague se prépare déjà à une éventuelle deuxième vague. Pour cela, la municipalité envisage de mettre en place un vaste système de dépistage qui prendrait la forme d’une installation de centres de prélèvement sous tentes dans toute la ville de manière à ne plus être contraints de « tout fermer » en cas de retour de la maladie.

Pont Charles,  photo: Sabina Vosecká,  ČRo

C’est un phénomène nouveau, étonnant et – il faut bien le dire – sacrément agréable pour peu que l’on ne soit pas hôtelier ou propriétaire d’un restaurant : depuis un peu plus d’une semaine et la réouverture, entre autres, des terrasses, des musées et galeries, les Pragois ont, toujours le masque sur le nez pour une grande majorité d’entre eux, repris possession de leur ville, la réinvestissant progressivement pour lui redonner une forme de vie oubliée. Une vie qui avait pratiquement disparu du centre-ville ces dernières années avec le développement jusqu’à l’extrême du tourisme international.

Traverser le pont Charles en plein cœur de l’après-midi, y voir des familles ou couples d’amoureux venus de toute la Bohême et de la Moravie profitant d’une occasion unique pour s’y prendre en photo avec le Château en toile de fond, emprunter le nez en l’air pour en adminer la beauté des façades les étroites ruelles historiques qui mènent jusqu’à la place de la Vieille-Ville, y attendre tranquillement que sonne l’heure à l’horloge astronomique en sirotant une (grande) bière de Plzeň pour deux euros - à un « prix corona » comme disent les Tchèques – est redevenu possible.

Tout cela ne durera peut-être que le temps de quelques semaines ou quelques mois, mais en attendant la réouverture des frontières et le retour progressif (et espéré) des touristes étrangers, c’est un authentique enchantement. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Prague City Tourism, la société en charge du tourisme dans la capitale, s’apprête à lancer dans la perspective des vacances estivales une vaste campagne de communication au titre on ne peut plus révélateur de la situation : « Buďte v Praze jako doma » - « Soyez à Prague comme chez vous ». Un slogan en forme d’aveu qui signifie bien que la ville – ne serait-ce que son centre historique - n’appartenait plus vraiment ni aux Pragois, ni aux Tchèques, qui avaient pris l’habitude d’y passer lorsqu’ils ne pouvaient pas faire autrement sans plus s’y arrêter.

Une multiplication des tests

Photo: ČTK/Václav Šálek
Mais ce retour à la vie, la municipalité souhaite plus globalement qu’il soit durable. C’est pourquoi, alors que le processus de déconfinement continue d’avancer à un rythme plus rapide que ce qui avait été initialement envisagé par le gouvernement, elle entend se montrer prête à faire face à la deuxième vague de coronavirus annoncée par beaucoup d’experts.

L’idée consisterait à augmenter le nombre de tests de dépistage au Covid-19 de plusieurs milliers par mois. Bien que membre de l’opposition, le parti conservateur ODS (parti démocrate civique) a appelé le conseil municipal à commander pour les prochaines semaines des tentes qui, installées dans différents endroits de la ville, rendraient plus accessibles l’accès aux texts, permettant ainsi aux gens qui le souhaitent ou qui en ont besoin de venir s’y soumettre sans rendez-vous préalable. Actuellement, quelques centres de prèlevement existent déjà, mais leur nombre reste limité. Dimanche, le groupe de travail chargé de la gestion de la crise s’est réuni pour débattre du plan et un consensus a été trouvé.

« La nécessité d’adopter des mesures de restriction de type ‘on ferme tout’ qui entraînent d’énormes pertes économiques disparaîtrait ainsi automatiquement », explique Tomáš Portlík, à l’origine de l’idée et responsable de l’antenne pragoise de l’ODS. Les entreprises dont les employés disposeront d’un test négatif pourront ainsi poursuivre leur activité en respectant simplement certaines mesures hygiéniques, de même que les écoles resteraient ouvertes ou encore les visites dans les maisons de retraite et autres établissements d’accueil des personnes âgées resteraient possibles.

Zdeněk Hřib,  photo: ČTK/Kateřina Šulová
Pour sa part, le maire pirate de Prague, Zdeněk Hřib, a confirmé que la multiplication des tests est une mesure concrète sur laquelle la municipalité concentre actuellement son attention dans sa volonté de prévenir plutôt que de guérir à l’avenir. Selon lui, ces centres de prèlevement ambulatoires sont « un moyen simple et très efficace de prévention contre la propagation de l’épidémie ».

Pour l’heure, l’installation supplémentaire de cinq de ces tentes est envisagée pour les mois à venir, avce la possibilité de tripler leur nombre en cas de nouvelle crise semblable à celle des mois de mars et d’avril. Selon Tomáš Portlík, la mise en oeuvre de ce plan permettrait de tester jusqu’à 7 000 personnes chaque semaine, alors que quelque 350 000 tests ont pour l’instant été réalisés pour l’ensemble de la République tchèque.