Coronavirus : le retour parfois compliqué des Tchèques dans leur pays

Le retour des Tchèques de Londres dans les autobus de ministère des Affaires étrangères, photo: Twitter de MZV

En raison de la fermeture des frontières et des interdictions de circulation des personnes décidées par le gouvermement pour enrayer la propagation de l’épidémie de coronavirus, les autorités tchèques ont appelé leurs ressortissants à rentrer en République tchèque. Le ministère des Affaires étrangères envoie des autobus en Allemagne et à Vienne pour favoriser leur rapatriement. Mais pour certains, étudiants comme touristes, le retour s’avère dans les faits parfois particulièrement compliqué.

Le retour des Tchèques de Londres dans les autobus de ministère des Affaires étrangères,  photo: Twitter de MZV
Vendredi dernier, au moment où le gouvernement a annoncé la fermeture des frontières et l’interdiction pour les Tchèques de sortir du territoire comme pour les étrangers sans permis de séjour d’y entrer, quelque 205 000 Tchèques se trouvaient à l’étranger, selon les données des opérateurs mobiles. Les plus nombreux étaient en Allemagne (139 000), en France (18 000) et en Espagne (9 800). Par ailleurs, 7 600 d’entre eux séjournaient encore en Italie, le pays le plus touché par la maladie, 7 400 aux Etats-Unis et 1 600 dans différents pays en Asie.

Samedi, le ministère des Affaires étrangères a publié sur son site Internet une information relative à la mise en place d’autobus, précisément de manière à pouvoir rapatrier les Tchèques se trouvant à l’étranger. « Samedi midi, nous avons envoyé un autobus pour une quarantaine de Tchèques qui étaient bloqués à l’aéroport de Francfort », a indiqué le ministre Tomáš Petříček. De même, le ministère a conseillé aux gens de contacter les ambassades du pays dans lequel ils séjournent lorsqu’ils sont dans l’impossibilité de pouvoir rentrer en République tchèque.

Dans les faits, cependant les choses ne se passent pas toujours aussi bien. Mardi, par exemple, le quotidien Mladá fronta Dnes a publié le témoignage de Jiří Ševčík, étudiant de la section tchèque au Lycée Carnot à Dijon, dans lequel il regrettait que pas plus le ministère de l’Education nationale que le ministère des Affaires étrangères et l’ambassade tchèque à Paris ne leur aient apporté d’aide pour leur rapatriement depuis la Bourgogne et les aient laissés sur le carreau. L’Agence d’information académique leur a fait savoir que « compte tenu du nombre élevé de citoyens tchèques se trouvant actuellement dans les pays à risques », il était impossible d’organiser leur retour en République tchèque. Finalement, c’est la lectrice du groupe tchèque à Dijon et le directeur du Lycée Carnot, qui a réglé les frais, qui se sont occupés du voyage jusqu’au poste-frontière de Rozvadov, où les étudiants ont été récupérés par leurs familles.

Sur son site internet, la Radio tchèque relate également les péripéties d’un couple tchèque en Egypte. Partis de Katovice pour Marsa Alam le 7 mars avec une agence de voyages polonaise, le couple était censé revenir samedi soir dernier. « Avant le départ, les Polonais nous ont dit qu’en aucun cas nous ne pouvions en tant que Tchèques monter dans l’avion, ils ont annulé nos billets », raconte Gabriela. « Ils nous ont payé trois nuits à l’hôtel et nous ont abandonnés à notre sort sans plus s'intéresser à nous. »

Photo: ČTK/David Taneček
Après avoir contacté le ministère de l’Intérieur et le consultat tchèque en Egypte, où on leur a d’abord assuré qu’ils pourraient rentrer et qu’ils n’avaient rien à craindre, la situation a évolué lundi. « Le consul nous a dit qu’il ne pouvait pas nous aider, que nous devions nous débrouiller nous-mêmes », regrette Gabriela. Mardi, après avoir acheté des billets d’avion pour l’Allemagne, elle et son mari étaient dans l’attente et espéraient pouvoir rentrer en République tchèque, mais sans savoir encore par quel moyen.

Tout au long du week-end passé et de la journée de lundi, jour de la fermeture des frontières, nombre des quelque 4 800 ressortissants tchèques, étudiants ou travailleurs, éparpillés aux quatre coins de l’Europe dans le cadre du programme Erasmus+, dont plus de la moitié dans des pays durement touchés par l’épidémie de coronavirus, se sont efforcés de rentrer en République tchèque. Certains ont toutefois également préféré rester dans leur pays d’accueil, s’épargnant ainsi toute éventuelle complication, ne serait-ce que pour l’instant et en attendant l’évolution de la situation en Europe, où l’Union a elle aussi fermé ses frontières extérieures mardi pour trente jours, et plus généralement dans le monde.