Coronavirus : la République tchèque met en place un système de suivi électronique des personnes à risque

Photo illustrative: JESHOOTS-com / Pixabay, CC0

Les Tchèques appellent ce système « la quarantaine intelligente ». Sur la base des données de géolocalisation recueillies grâce aux téléphones portables et aux cartes bancaires, les autorités sanitaires pourront suivre à la trace les déplacements et les contacts des personnes contaminées au Covid-19. L’usage de ces données sera toutefois conditionné à l’accord préalable de la personne concernée. Ce lundi, ce système a été lancé pour un essai en Moravie du Sud. Il pourrait ensuite être étendu à l’ensemble du pays.

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L’objectif à moyen terme est de pouvoir progressivement supprimer ou au moins assouplir les différentes mesures de confinement qui paralysent la République tchèque et son économie depuis maintenant trois semaines. Adoptée jusqu’à ce mercredi 1er avril, l’appplication de ces mesures sera très probablement prolongée par le gouvernement dans les prochaines heures pour au moins une semaine supplémentaire. Qaunt à l’état d’urgence décrété pour un mois le 12 mars et qui est censé s’achever le 11 avril, jour du Vendredi saint, il est déjà plus ou moins acquis qu’il sera étendu au-delà du week-end pascal.

C’est à partir de ce moment-là que le système de « quarantaine intelligente » pourra être appliqué dans l’ensemble du pays. L’armée devrait alors participer à sa mise en œuvre. En attendant, la région de la Moravie du Sud, dans le sud-est de la République tchèque, servira de laboratoire, principalement parce que vingt-et-une communes y ont été placées en quarantaine à la mi-mars avec interdiction d’entrée et de sortie de leurs territoires.

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Ce système doit permettre d’isoler dans les trois jours à compter d’un test positif les personnes porteuses du virus et de contacter toutes les personnes potentiellement à risque retrouvées précisément grâce aux données numériques de géolocalisation émises par les téléphones portables et les cartes bancaires. Des équipes mobiles seront alors chargées de procéder au dépistage et d’effectuer des prélèvements auprès des personnes ayant été en contact avec la personne infectée plus de quinze minutes durant les cinq derniers jours.

Pour pouvoir procéder à ce dépistage, il convient toutefois d’abord que la personne contaminée donne son consentement aux opérateurs téléphoniques, qui seront ensuite chargés de transmettre les données aux stations hygiéniques de façon à ce que celles-ci puissent établir une carte de ses divers déplacements récents. Quant aux personnes ayant été en contact avec le malade, elles seront placées en quarantaine avant d’être testées dans les trois jours suivants.

Dimanche, à la Télévision tchèque, le Premier ministre Andrej Babiš a déclaré que si le système s’avérait efficace, la République tchèque serait sur la bonne voie dans la lutte contre la diffusion du coronavirus, alors que le pic de l’épidémie est attendu dans le courant du mois d’avril.

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La semaine dernière, la Commission européenne a demandé aux principaux opérateurs télécoms européens de partager les données de localisation de leurs abonnés recueillies grâce aux téléphones portables. Cette décision a été prise dans le but de vérifier si les consignes de confinement sont appliquées et de suivre la propagation de l’épidémie. La demande avait été formulée par Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur et au numérique, qui a assuré que ce projet respectait parfaitement la législation en matière de vie privée.

L'utilisation des données de géolocalisation dans la lutte contre le coronavirus est déjà en œuvre en Corée du Sud, en Russie ou encore en Israël, et ce au grand dam de ses détracteurs qui dénoncent une atteinte aux libertés individuelles. D’où la liberté, pour l’instant, encore laissée en République tchèque aux personnes contaminées de choisir si elles autorisent ou non l’usage de leurs données personnelles.