Confinement : « En Belgique, les gens ont surtout respecté la distanciation sociale »

Simona Pohlová, photo: TESIM ENICBC/YouTube

Après un passage à Lyon et Marseille, on quitte la France pour la Belgique voisine, et plus particulièrement à Bruxelles où, institutions européennes obligent, se trouvent aussi de nombreux Tchèques. C’est le cas de Simona Pohlová, qui travaille à la Commission européenne et qui anime une association à destination des Tchèques expatriés. Au micro de Radio Prague Int., elle est d’abord revenue sur la période de confinement strict en Belgique :

Simona Pohlová,  photo: TESIM ENICBC/YouTube

« A vrai dire je suis très peu sortie pendant le confinement. J’ai travaillé depuis la maison pendant toute la période, c’est mon mari qui allait faire les courses. Lors de mes rares sorties, j’ai commencé à porter le masque plus tard que mes compatriotes tchèques, mais plus tôt que les Belges. J’ai surtout adopté l’approche de la distanciation sociale. »

Vous travaillez à la Commission européenne. Comment ça s’est passé pour vous ? Vous avez basculé tout de suite en télétravail ?

« Oui, on nous a demandé de télétravailler : presque tout le monde était concerné, seules les personnes-clé ont pu se rendre au bureau de temps en temps. Nos bureaux ont été fermés. On a dû travailler depuis la maison. Je me suis habituée. Au début j’avais un peu du mal à m’habituer aux nouveaux outils virtuels qu’on a dû adopter. Je me suis retrouvée avec plus de travail que normalement. A cause du Covid-19, on a dû changer un règlement lié à mon travail. J’avais une charge de travail telle que je n’ai pas eu trop le temps de réfléchir à la situation. »

Bruxelles,  photo: ČTK/AP/Francisco Seco
Quand on interroge certains Tchèques en France, pays voisin de la Belgique, ce qui ressort souvent des réflexions sur leur pays d’accueil, c’est souvent le fait de ne pas avoir pris très au sérieux, au début, la gravité de la crise, ou encore le manque de civisme de certains Français par rapport aux Tchèques. On a pu lire çà et là diverses explications un peu essentialisantes, selon lesquelles les Tchèques seraient plus disciplinés que les Français. Comment voyez-vous les choses par rapport à la Belgique ?

« Au tout début, j’ai eu l’impression que les autorités et les citoyens belges ont pris la situation un peu à la légère. Nous, les Tchèques on sentait déjà que c’était une situation à risque. Par contre, on avait l’impression qu’ici, personne ne voyait ce risque. Puis la situation a changé : les Belges ont respecté les consignes qui leur ont été données, surtout la distanciation sociale. C’est un aspect où on voyait que les gens étaient respectueux. Pour ce qui est des masques, ça n’a été recommandé qu’il y a trois semaines environ. Je pense que les Belges sont en général une nation qui ne panique pas, qui prennent les choses avec un certain calme voire de léthargie. Ils ont fait le nécessaire, il n’y a pas eu de panique ou d’hystérie. »

Au niveau de la prise de décision politique, est-ce que les dissensions qui peuvent exister de manière générale entre les communautés wallonnes et flamandes ont eu selon vous un impact sur la gestion de la crise ? Ou bien y a-t-il eu une sorte d’union nationale ?

« J’avoue que je n’ai pas suivi les nouvelles à la télévision de manière si régulière. En tant qu’expatriée travaillant à la Commission européenne, je n’ai pas vraiment cette habitude de suivre l’actualité belge en tant que telle. Au début, j’ai eu l’impression que la façon dont le pays est gouverné, que la complexité locale a contribué au fait que les décisions aient été prises assez tardivement. J’avais aussi l’impression que la communauté des Flandres a été plus touchée que la communauté francophone de Wallonie. Je pense personnellement que c’est lié au fait que les Flandres soient une région très entrepreneuriale : les considérations économiques y ont pendant longtemps prévalu sur les considérations de santé. Mais c’est vraiment ma théorie personnelle. C’est un peu pareil au Pays-Bas, on avait la même impression : les politiques ont eu du mal à couper la vie économique, ça a été des décisions difficiles. »

Bruxelles,  photo: ČTK/AP/Olivier Matthys
C’est en effet une question de choix politique, sachant qu’à la crise sanitaire va succéder une crise économique : on l’a vu en Suède aussi, où on a décidé de ne pas bloquer tout le pays… Pour terminer, rappelons que vous animez une association de Tchèques en Belgique, appelée Inspiration tchèque. Vous organisez des événements en temps normal. Comment cela va-t-il se passer ? Allez-vous reprendre bientôt vos activités ?

« Nous avons malheureusement dû annuler notre spectacle de théâtre. Dans le cadre de l’association, nous avons une troupe de théâtre amateur et nous jouons régulièrement tous les ans. Cette année, c’était prévu pour fin avril. C’est dommage, mais on va reporter à l’année prochaine. On a prévu également un concert de notre chorale. Il y a aussi un théâtre et des ateliers artistiques pour enfants. Nous avons aussi dû tout annuler. C’était un peu triste et difficile pour notre association car il y a des considérations financières. Mais on espère pouvoir reprendre tout ça à l’automne. On prévoit déjà d’organiser un bal en coopération avec la représentation permanente de la République tchèque à Bruxelles. On espère pouvoir continuer un peu comme avant, que la situation nous permettra de reprendre nos activités. Mais je suis optimiste ! »