Condoleeza Rice vue de Prague

Condoleeza Rice (Photo : Tina Hager, White House)

Condoleeza Rice vient d'être nommée secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères par George W. Bush. Remplaçante de Colin Powell, celle qui sera la deuxième femme de l'histoire des Etats-Unis à occuper ce poste connaît bien l'ancienne Tchécoslovaquie, qu'elle a étudiée de près.

Sur la scène politique internationale, on trouve ces temps-ci quelques personnages qui ont des liens prononcés avec Prague. On connaissait Madeleine Albright, née de parents tchèques, ou l'histoire du nouveau roi du Cambodge, ancien étudiant dans la capitale tchèque, tous deux parfaitement tchécophones. La première femme afro-américaine à occuper des fonctions aussi importantes dans l'administration américaine connaît bien, elle aussi, cette contrée pourtant lointaine de son Alabama natal.

Celui qui lui fit découvrir la Tchécoslovaquie à l'époque ne fut autre que Joseph Korbel, émigré tchèque et papa d'une certaine Madeleine Albright. « C'est mon père spirituel », a déclaré Condoleeza Rice à propos de celui qui était professeur de sciences politiques à l'université du Colorado. C'est d'ailleurs grâce à son influence qu'elle a appris le tchèque, qu'elle comprend sans pouvoir le parler.

Le pays de Joseph Korbel fut le sujet de sa première publication, en 1984, éditée par la prestigieuse université de Princeton sous le titre « L'Union soviétique et l'armée tchécoslovaque de 1948 à 1983 ». Un travail cependant beaucoup critiqué, tant à Prague qu'outre-Atlantique. La critique du livre dans le magazine Historical Review fut impitoyable. Pour l'historien Josef Kalvoda, l'ouvrage est « plein d'approximations et de clichés idéologiques ». Il est vrai que la jeune Condoleeza était à l'époque passé à côté de certains aspects et avait commis quelques erreurs importantes. Elle avait notamment indiqué que la légion tchécoslovaque n'avait été créée qu'après la révolution russe, alors qu'elle existait dès 1914. Elle avait également écrit qu'en 1939, « le Président Benes avait laissé l'armée dans les casernes », alors qu'Edvard Benes n'était déjà plus le chef de l'Etat et enseignait aux USA. En tout cas, Condoleeza Rice défend encore son premier livre. Dans une récente interview, elle prétend que « la thèse défendue dans cet ouvrage vaut encore aujourd'hui, même si ni l'Union soviétique ni la Tchécoslovaquie n'existent plus. »

Une chose est sûre, et c'est sûrement une bonne nouvelle pour Prague, la nouvelle secrétaire d'Etat s'intéresse depuis longtemps à l'ex-URSS et aux pays de l'ancien bloc communiste.