Cinquante-cinq ans depuis le putsch communiste en Tchécoslovaquie

Le 25 février 1948

Le 25 février 1948, les communistes se sont emparés du pouvoir dans l'ancienne Tchécoslovaquie, et ceci pour quarante longues années. Ce mardi, les Pragois se sont souvenus des protestations estudiantines contre l'instauration du totalitarisme dans le pays. Reportage signé Magdalena Segertova.

Le 25 février 1948
La pittoresque rue Nerudova, qui monte au Château de Prague, est aujourd'hui chic et touristique. Mais le 25 février 1948, elle était devenue, tout comme l'avenue Narodni en 1989, le théâtre de la lutte de jeunes pour la démocratie. Ce mardi, le président du Sénat, Petr Pithart, y a dévoilé une plaque commémorative, rappelant la marche des étudiants du supérieur vers le Château et leur accrochage avec la police. Lors de cette manifestation, un étudiant de l'Ecole des Hautes Etudes Techniques fut blessé d'un coup de fusil.

Au cours d'une messe oecuménique, célébrée, ce mardi matin, en l'honneur des victimes du communisme, le recteur des Hautes Etudes Techniques, Jiri Witzany, a rappelé : "Ce jour-là, tout le monde attendait si le Président Benes accepterait la démission des ministres des partis démocratiques. Le chef de l'Etat était sous pression des forces de gauche. Pour soutenir le Président et la démocratie, les étudiants ont organisé cette paisible manifestation, cette marche vers le Château."

Le même jour, le président du Parti communiste et futur chef de l'Etat, Klement Gottwald, annonce aux foules fanatisées, rassemblées place de la Vieille-Ville, la démission du cabinet et la prise de pouvoir par les communistes. Dans les mois qui suivent, les étudiants sont renvoyés des facultés, persécutés, emprisonnés... Et les futures générations, qui grandissent sous le communisme, n'en savent rien... Ecoutons le pasteur protestant, Milos Rejchrt...

"J'ai un peu honte... même moi, intellectuel, j'ai encore des choses à découvrir dans l'histoire de mon pays, de mon peuple. Ce n'est qu'en 1980 que j'ai entendu, pour la première fois, parler d'une manifestation des étudiants contre l'instauration du pouvoir communiste. Le totalitarisme communiste n'a pas seulement manipulé l'histoire, il l'a complètement biffée ! J'ai rencontré, par hasard, deux anciens étudiants, qui avaient participé à cette manifestation. Ils m'ont tout raconté. Pour moi, c'était un grand encouragement, parce que j'ai appris que le peuple tchèque n'avait pas accepté cet esclavage sans dire : je proteste..."

En février 48, les jeunes sont les seuls à protester contre le coup de force communiste. En novembre 89, ce sont de nouveau les étudiants qui déclenchent la Révolution de velours... Que pense Milos Rejchrt de ce parallèle ?

"Quand ont est jeune, on est moins angoissé, on a un peu moins d'imagination et on ne prévoit pas les conséquences de ses actes. La jeunesse est toujours courageuse. Mais ça ne veut pas dire que son comportement n'est pas sage. Peut-être que c'est la vraie sagesse : savoir agir, sans imaginer, parfois, les conséquences de ce que je fais."

Auteur: Magdalena Segertová
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