Cible des critiques, le ministre des Transports démissionne

Antonín Prachař, photo: ČTK

Le ministre des Transports Antonín Prachař, du mouvement ANO, a annoncé sa démission ce mercredi matin, justifiant sa décision par les critiques dont il fait l’objet pour son incapacité à résoudre les nombreux problèmes de son cabinet. C’est le deuxième départ d’un membre du gouvernement du social-démocrate Bohuslav Sobokta depuis sa nomination en janvier dernier. Selon le ministre des Finances et leader du mouvement ANO Andrej Babiš, le poste vacant pourrait échoir à Dan Ťok, pourtant directeur général d’une société de construction.

Antonín Prachař,  photo: ČTK
Véritable sport national dans l’ancien gouvernement de Petr Nečas, les démissions et autres départs plus ou moins forcés de ministres avaient jusqu’alors épargné la coalition au pouvoir constituée du parti social-démocrate, du mouvement ANO et du parti chrétien-démocrate. Jusqu’alors, seule Věra Jourová, ancienne ministre pour le Développement local, avait quitté son poste, mais pour la bonne raison qu’elle a été nommée commissaire européenne.

Toutefois, à la différence de ce qui était devenu affaire courante sous le gouvernement Nečas, au sein duquel seuls quatre des quinze ministres nommés en juillet 2010 ont conservé leurs fonctions jusqu’à la démission du Premier ministre en juin 2013, la décision d’Antonín Prachař n’est pas liée à une sombre affaire de corruption ou d’abus de pouvoir, mais constitue une réponse aux nombreuses critiques qui visent son ministère depuis quelque temps déjà. C’est du moins ce qu’a expliqué le principal intéressé :

« Je ne tiens pas à être la prochaine cible de l’opposition ou des médias. Cette situation ne profite ni au ministère des Transports, ni à moi, ni même au mouvement ANO. C’est pourquoi j’ai longuement réfléchi à la suite à donner à tout cela. Mardi soir, j’ai informé la présidence du mouvement ANO que je songeais à démissionner, et c’est la décision que j’ai finalement prise ce mercredi matin. »

A la tête du mouvement ANO, l’omnipotent milliardaire Andrej Babiš, qui a officiellement confirmé cette démission, a pourtant salué le travail réalisé par le ministre :

Andrej Babiš,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Cela fait déjà un certain temps que le ministère des Transports est dans un état de désolation totale. Cette décomposition a pour effet d’empêcher la construction d’autoroutes, l’achat de terrains et la préparation de projets dans notre pays. C’était la même chose pour la Direction des routes et autoroutes. C’est pourquoi j’aimerais remercier monsieur le ministre, un homme très travailleur, qui a fait le maximum pour mettre de l’ordre dans son cabinet. »

Depuis le début de l’année, la Direction des routes et autoroutes a vu quatre chefs se succéder à sa tête. Les travaux de construction et de rénovation des autoroutes sont toujours aussi lents et entachés de multiples complications. Pour les partis d’opposition de droite ODS et TOP 09, qui appelaient à la démission du ministre, celui-ci, en plus d’une gestion jugée trouble des commandes publiques, aurait échoué à concrétiser l’ensemble des engagements formulés lors de sa prise de fonctions. Dans les rangs mêmes de la coalition gouvernementale, Antonín Prachař ne faisait pas l’unanimité, et notamment pas auprès du Premier ministre Bohuslav Sobotka :

Bohuslav Sobotka,  photo: ČTK
« J’imagine que la démission de monsieur Prachař est aussi une réaction au diagnostic fait par le mouvement ANO, notre partenaire de coalition, sur la situation au ministère des Transports. »

Ce n’est bien entendu pas la position officielle du mouvement ANO, dont le président, Andrej Babiš, a pourtant déjà trouvé un successeur à Antonín Prachař en la personne de Dan Ťok :

Dan Ťok,  photo: ČTK
« Notre mouvement soutient cette nomination. Il me semble que monsieur Ťok est une personnalité renommée. Evidemment, on peut m’objecter que son passé dans une entreprise de construction poserait problème. Personnellement, je pense que la Direction des routes et autoroutes s’est retrouvée dépendante des firmes du secteur. C’est pourquoi il m’apparaît que quelqu’un en provenance de ce monde sera capable de faire face aux différentes attaques des entreprises de construction. »

Une argumentation qui peinera peut-être à convaincre quand on sait qu’Antonín Prachař avait lui aussi travaillé précédemment pour une société de transporteurs, et avait en conséquence été critiqué pour les potentiels conflits d’intérêts que sa nouvelle situation de ministre des Transports impliquait.