Christine Vézinet : «Il y a un souffle dans l’écriture de Marguerite Duras.»

Marguerite Duras

La romancière Marguerite Duras a été aussi une dramaturge inclassable qui a su utiliser le théâtre pour plonger jusqu’aux profondeurs de l’inconscient. C’est la partie théâtrale de son oeuvre qui a été évoquée à Prague, lundi et mardi dernier. La première soirée au café de l’Institut français de Prague a été consacrée à la lecture en français et en tchèque de sa pièce « La Musica Deuxième » par un trio de comédiens dont l’actrice française Christine Vézinet. La deuxième rencontre a été consacrée, mardi, au théâtre de Marguerite Duras en général et à sa réception dans le milieu culturel tchèque. Une occasion pour Václav Richter de poser à Christine Vézinet quelques questions sur sa relation profonde avec cette oeuvre théâtrale qui ne cesse de subjuguer le public.

Christine Vézinet
Qu’est-ce que le théâtre de Marguerite Duras représente pour vous?

«L’intime.»

Est-ce que cela répond un peu à votre âme, à vos pensées, à votre vie intérieure?

«Complètement, et surtout en ce moment …»

Est-ce que cela répond à quelques questions que vous vous posez?

«Non, ça ne répond pas à des questions. Ça s’incorpore complètement dans ma vie. C’est comme si j’étais rentrée avec elle dans son inconscient. «

Quand avez-vous fait la connaissance du théâtre de Marguerite Duras. Connaissiez-vous déjà ses romans en ce moment-là?

«Oui, je connaissais ses romans, je connaissais ses pièces, j’avais vu ses pièces au théâtre mais en fait c’est né cet été. J’ai un ami qui m’a offert une édition récente sur Marguerite Duras qui s’appelle « Les cahiers de guerre » donc j’ai commencé à lire tout ça et puis après ça m’a donné envie d’aller plus loin. Je me suis dit : ‘Tiens, j’aimerais bien peut-être jouer une pièce de Marguerite Duras. J’en ai parlé comme ça autour de moi et puis un autre ami m’a dit : ‘Tu devrais lire ‘La Musica Deuxième’’. J’ai lu donc ‘La Musica Deuxième’ et puis à la fin de la lecture j’ai été prise d’un profond sanglot. Cette pièce m’avait bouleversée parce que ça parlait d’une chose très profonde, de la relation amoureuse entre deux personnes et de ce qu’on fait avec ça…»

On dit souvent que le théâtre de Marguerite Duras est plutôt dédramatisé et qu’il est vraiment difficile de le présenter au public de l’époque audiovisuelle. Qu’en pensez-vous?

«Audiovisuelle ? Vous voulez dire au niveau visuel ? C’est au niveau sonore et ça suffit parce qu’il y a un souffle dans l’écriture de Marguerite Duras, les mots sont tellement porteurs d’images. On a tout de suite les images qui vous viennent quand on entend ces mots.»

Marguerite Duras
Joue-t-on beaucoup le théâtre de Marguerite Duras en France encore aujourd’hui? Est-ce que c’est un auteur actuel?

«Oui, c’est un auteur actuel. On réédite actuellement en DVD les films qu’elle a fait. Oui, c’est joué régulièrement, ‘L’Amante anglaise’, ‘Savannah Bay’.»

Il y a une pièce de Marguerite Duras que vous aimeriez jouer un jour?

«Oui, ‘L’Amante anglaise’. »

Pourquoi?

«Parce que d’abord un grand acteur français, Hugues Quester, me l’a proposé. Donc voilà, j’aimerais honorer cette proposition. Et puis j’aimerais surtout jouer ‘La Musica Deuxième’ que j’ai lu hier, parce que je trouve que c’est un très beau texte.»