Charles Malinas : « La perception qu'ont les Tchèques de l'Europe est plus positive que ce qui s'écrit »

Charles Malinas, photo: Site officiel de l'ambassade française

Suite de l'entretien avec Charles Malinas, nouvel ambassadeur de la France à Prague. Dans ce second extrait, Charles Malinas a d'abord continué à évoquer, dans un langage diplomatique parfaitement maîtrisé, l'évolution de la perception tchèque de l'Union européenne, depuis son adhésion à celle-ci en 2004. Et aussi défendu, c'est là naturellement son travail, l'image d une France qui, assure-t-il, « ne va pas si mal que ça ».

Charles Malinas,  photo: Site officiel de l'ambassade française
« Ce qui est important dans un espace comme celui de l'Union européenne, c'est d'avoir des cadres de dialogue, de travail et de coopération qui permettent aux pays d'agir en commun pour trouver des voies qui permettent à tous d'avancer. Ce n'est pas 'chacun tire pour soi'. Alors, vous me dites qu'il y a des pays qui ont adhéré à l'Union européenne avec la volonté de prendre plus que de donner. C'est vrai qu il y avait des pays qui étaient en très grande difficulté après la dissolution du bloc de l'Est, mais il est normal que l'UE soit venue à leur chevet et les ait aidés à intégrer l'Union. C'est une aide qui n'est d'ailleurs pas encore terminée, puisque les fonds structurels existent encore. Et ces pays ont pris leur part. »

« Vous savez, en se développant économiquement comme elle l'a fait, la République tchèque a elle aussi joué un rôle extrêmement positif au sein de l'Union. Dans le cadre du programme Erasmus ou des échanges entre les universités, il y a de très nombreux étudiants tchèques qui partent dans d'autres pays. Il y en beaucoup notamment en Allemagne, en France et en Angleterre. Ce sont des choses comme celle-là qui font avancer l'UE. Je ne crois donc pas que la République tchèque soit dans une position de demandeur et ne veulent pas donner. Sur ce point, je crois que la situation est beaucoup plus positive que ce qui s'écrit parfois. »

Vous évoquez souvent la situation économique de la République tchèque. Actuellement, la conjoncture est favorable avec un taux de chômage qui est un des plus faibles en Europe, un taux de croissance qui devrait encore être de l'ordre de 2,5 % en 2016 ou une réduction du déficit des finances publiques telle que le budget de l'Etat pourrait être équilibré à la fin de l'année. Bref, la République tchèque peut-elle servir d'exemple ?

Charles Malinas,  photo: Site officiel de l'ambassade française
« Je ne crois pas tellement aux exemples. Ce que je sais et ce que je vois, c'est que la République tchèque va bien. Je lui dis 'Bravo !' Et quand je vois que les quelque 500 entreprises françaises présentes en République tchèque emploient 100 000 personnes, qu'elles ont développé leurs investissements au point de figurer en deuxième position en termes de flux, je dis là aussi : 'Vive la République tchèque et vive son dynamisme !' »

« En France, nous sommes dans une situation différente. Les choses sont sans doute moins noires que ce que les médias ont tendance à dire. Les campagnes électorales sont rarement des périodes où les choses sont dites objectivement. »

Vue de l'extérieur, la France donne quand même l'image d'un pays où les choses ne vont pas très bien. Cette image n'est pas particulièrement positive...

« La première fois que je suis allé en Allemagne, c'était en 1970. J'avais douze ans et j'ai entendu exactement la même chose. Entre-temps, la France a fait quelques progrès. On a fait le TGV, on a convaincu les Européens de lancer des fusées dans le ciel, alors que pas grand monde, à part les Espagnols qui étaient partants, ne voulait le faire avec nous. Et maintenant tout le monde se félicite de ces succès. »

Charles Malinas,  photo: Site officiel de l'ambassade française
« Alors, vous savez, moi, ces discours sur la France qui va mal, sur la France qui est en grève... Malheureusement, il y a eu les terribles attentats qui ont fait évoluer les choses en 2016, mais, en 2015, la France a été la première destination touristique au monde. Nous avons doublé les Etats-Unis avec 72 ou 73 millions de visiteurs étrangers (en réalité quelque 84,5 millions selon le ministère des Affaires étrangères, malgré une progression ralentie en fin d'année suite aux attentats du 13 novembre, ndlr). Donc, oui, la France est confrontée à des difficultés, mais elle ne va pas si mal que ça. Et si elle a changé, c'est plutôt en bien. »

S'agira-t-il là de votre discours auprès des entreprises tchèques ? Vous avez dit qu'un des objectifs de votre mission sera d'attirer davantage d'entreprises tchèques en France, alors qu'elles sont relativement peu nombreuses aujourd'hui.

« De manière générale, la France attire beaucoup d'investissements étrangers. Il y existe beaucoup de possibilités avec une main-d'oeuvre de qualité et une qualité de vie intéressante. Je ne suis pas pessimiste. Je pense qu on peut accroître le nombre d'entreprises tchèques qui investissent en France, entre autres raisons parce que règne parfois une méconnaissance, souvent réciproque d'ailleurs, entre nos deux pays. »