Centenaire de la naissance du maître de l’animation, Karel Zeman

'Le Dirigeable volé'

Le 3 novembre, nous fêterons le centenaire de la naissance du réalisateur de films d’animation, Karel Zeman, souvent désigné comme le Georges Méliès tchèque.

Karel Zeman
Le cinéma d’animation tchèque est souvent considéré comme une référence du genre. Hormis Jiří Trnka, autre grand nom, Karel Zeman peut être considéré comme le père de l’animation tchèque, connu au-delà des frontières de son pays, en dépit de la guerre puis du rideau de fer. Pour sa fille, Ludmila Zemanová, dessinatrice, illustratrice vivant au Canada, c’est d’ailleurs paradoxalement à l’étranger qu’il a bénéficié de la plus grande reconnaissance :

'Vers la comète'
« Je pense que c’est parce que mon père était quelqu’un de très international, un humaniste. Il haïssait la guerre et avait une foi profonde en l’humain. Il s’intéressait aux questions globales, c’est pourquoi il a surtout adapté des romans de Jules Verne parce qu’ils étaient aussi atemporels ! Dans ces romans, on va sur la lune, ce qui était une utopie à l’époque. Mon père a réussi à incarner ces idées dans ces films et à conserver le caractère graphique de ces histoires. »

'L’invention diabolique'
A cet égard, L’invention diabolique, tiré d’un des romans de Jules Verne, est son film le plus célèbre, un film qui reçut d’ailleurs le Grand Prix à l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958. Ludmila Zemanová :

« Tous les membres du jury sont tombés d’accord pour dire que c’était un film unique. C’était très inhabituel à l’époque : on était dans les années 1950, des années très dures à cause de la Guerre froide. Tout ce qui venait d’un pays communiste était en général mal vu. Ce prix était donc incroyable, d’autant qu’il a battu des films américains. C’est comme ça qu’il s’est fait connaître à l’étranger. »

Ludmila Zemanová,  photo: CTK
A la suite de ce succès, Karel Zeman aura d’ailleurs de nombreuses propositions d’Amérique notamment, pour faire d’autres adaptations de Jules Verne ou pour tourner King Kong. Une carrière internationale qu’il ne pourra accomplir car il ne peut se résoudre à quitter son pays.

Le nom de Karel Zeman est lié à celui de Zlín, la ville des célèbres chaussures Bata. C’est là qu’après des études de publicité en France, il travaille pour l’entreprise en faisant des réclames à base de procédé d’animation. Vite repéré, il est embauché aux studios d’animation de Zlín. Son premier court-métrage sera même primé en 1946 au festival de Cannes.

'Voyage dans la Préhistoire'
Karel Zeman possède à son compte des dizaines de films caractérisés par un mélange permanent de jeux d’acteurs, d’animation et d’effets spéciaux. Avatar n’est que l’aboutissement technologique de recherches entreprises bien plus longtemps auparavant. Croisement de poésie et de science-fiction comme dans Voyage dans la Préhistoire, Karel Zeman s’inspire aussi de l’esprit des contes en adaptant l’histoire de Sindbad le marin, grâce à des papiers découpés. Aujourd’hui, à l’heure du numérique, des films en 3D, quelle est la place du monde de Karel Zeman au cinéma et quel est son héritage ? Ludmila Zemanová :

'Le Dirigeable volé'
« Je pense que ses films ont des choses à nous dire encore aujourd’hui. Ils sont actuels au niveau des idées mais aussi par leur expression artistique. Je peux vous dire que pour ma petite-fille qui vit au Canada, on n’aurait jamais cru qu’elle serait aussi fascinée par Le Dirigeable volé par exemple ! Je suis heureuse de voir que ces films sont toujours attrayants pour les enfants d’aujourd’hui qui vivent dans un tout autre monde. »

Le centenaire de la naissance de Karel Zeman a déjà été célébré lors d’un des grands rendez-vous de l’animation, le festival Anifest. Une exposition rappelle l’oeuvre de Karel Zeman, dans sa ville de naissance d’Ostroměř.