« Brexit » : « pas la fin de l’UE », « une claque » ou « un motif de fête » pour les politiques tchèques

Photo: ČTK

Comme ailleurs en Europe, les réactions, très diverses, ont été nombreuses en République tchèque suite à l’annonce du résultat du référendum sur le Brexit. La sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne a recueilli 51,9 % des suffrages. Pour autant, « ce n’est pas la fin du monde, et encore moins de l’Union », a assuré le Premier ministre Bohuslav Sobotka.

Bohuslav Sobotka,  photo: ČTK
L’UE se doit de changer rapidement et de minimaliser les conséquences négatives de la sortie de la Grande-Bretagne pour les citoyens européens et tchèques. Tel est en somme le message délivré par le chef du gouvernement. « La Grande-Bretagne a opté pour une autre voie que celle de l’intégration européenne. C’est une décision importante et irréversible. Les Britanniques auront une moindre influence sur ce qui se passe en Europe, et leur pays sera dans l’ensemble plus faible et moins important », a réagi Bohuslav Sobotka dans un message posté sur son compte Facebook. Parallèlement, le Premier ministre social-démocrate estime que « le projet européen a besoin d’un soutien plus important des citoyens. L’Europe doit être capable d’agir plus vite, plus souple, moins bureaucratique et beaucoup plus réceptive à la diversité. » Toujours selon lui, l’UE représente pour la République tchèque la meilleure garantie imaginable de stabilité, de paix et de prospérité, les changements devraient donc lui garantir une nouvelle viabilité et la confiance des citoyens ».

Andrej Babiš,  photo: ČTK
De son côté, le vice-Premier ministre et leader du mouvement ANO, Andrej Babiš, considère la décision prise par la majorité des Britanniques comme « une claque à laquelle l’UE va devoir réagir vigoureusement en se réformant visiblement ». Selon le deuxième homme fort de la scène politique tchèque de ces dernières années, « malgré le départ d’une voix eurosceptique importante de l’UE que représentait la Grande-Bretagne, les problèmes critiqués par le Royaume Uni n’ont pas disparu pour autant ». Et Andrej Babiš avertit : si des réformes ne sont pas entreprises rapidement, « d’autres claques suivront ».

Miloš Zeman,  photo: ČTK
« Le tandem franco-allemand ne sera pas compensé ou équilibré par l’influence britannique » : le président de la République tchèque, lui, a fait partager sa déception en expliquant une des principales raisons de celle-ci. Miloš Zeman considère que la décision des Britanniques permettra à la Commission européenne d’avoir les mains plus libres, ce que le chef de l’Etat ne voit pas d’un bon œil. Fidèle au discours qu’il mène depuis plusieurs mois en République tchèque, Miloš Zeman affirme que les criantes liées à la migration sont une des raisons de la sortie de la Grande-Bretagne. Dans une vidéo postée par le Château de Prague sur le compte Facebook du président, celui-ci souligne que chaque rétrécissement du marché européen conduit à une détérioration des conditions économiques tout en rappelant que plus de 80 % des exportations tchèques sont réalisées sur le marché de l’UE.

Comme Bohuslav Sobotka, le ministre de la Défense Martin Stropnický redoute désormais la vague de nationalisme et de populisme que va provoquer le Brexit. Si Martin Stropnický regrette que le référendum ne propose que deux solutions, le « oui » ou le « non », et pas de « oui, mais » qui, selon lui, aurait pu avoir les faveurs d’une majorité de Britanniques, ce n’est pas le cas en revanche d’un certain Václav Klaus. L’ancien Premier ministre et président a été une des premières personnalités politiques tchèques à réagir vendredi matin :

Václav Klaus,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Je pense que nous devrions tous célébrer [la décision des Britanniques]… La dernière fois que nous avons célébré de la sorte dans notre institut, c’était en 2005 lorsque les Français avaient dit ‘non’ à la Constitution européenne. Il nous a fallu attendre onze ans pour avoir de nouveau une bonne raison de faire la fête. »

Le plus célèbre des eurosceptiques tchèques espère bien que le « non » britannique à l’Europe constituera un tournant :

« Que l’Europe doive être intégrée de façon raisonnable, que ses pays doivent se respecter, coopérer et fraterniser, nous sommes d’accord. Chaque être normalement constitué doit dire ‘oui’ à tout cela. Mais nous unifier par la force, nous centraliser, nous réglementer et nous diriger d’en haut, non ! Et je pense que de plus en plus de gens prennent conscience qu’il faut dire ‘non’ ! »

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Dans l’ensemble, la voix de Václav Klaus reste cependant isolée en République tchèque. Comme l’a répété le chef de la diplomatie, Lubomír Zaorálek, « l’UE continue d’avancer y compris après la décision britannique. Et la République tchèque doit veiller à son bon fonctionnement. » Pour cela, néanmoins, selon le ministre des Affaires étrangères, « l’UE doit beaucoup plus réagir aux besoins quotidiens de ses citoyens et l’intégration doit se poursuivre uniquement dans les domaines où il est possible de la défendre ».