Boris Rösner reçoit le prix Radok pour le rôle d'Harpagon dans l'Avare de Molière

Boris Rösner, photo: CTK
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Les prix Alfred Radok ont été décernés, ce mardi, aux meilleurs ensembles et artistes de théâtre tchèques. Le Prix Radok est attribué chaque année par une fondation qui porte le nom d'un célèbre metteur en scène tchèque, d'après les résultats d'une enquête organisée par la revue Svet a divadlo (Le Monde et le Théâtre). Cette année l'enquête a été lancée pour la 13ème fois et 56 journalistes et critiques de théâtre y ont participé.

Boris Rösner,  photo: CTK
Dans les années cinquante et soixante du siècle dernier, Alfred Radok était considéré comme le plus grand metteur en scène tchèque. Il a travaillé dans plusieurs théâtres pragois. On n'est pas prêt d'oublier, notamment, son adaptation de la pièce Le Jeu de l'Amour et de la Mort de Romain Rolland, considérée aujourd'hui encore comme un des sommets du théâtre tchèque. Sa carrière a été brutalement interrompue par l'invasion soviétique en Tchécoslovaquie, en 1968, et son départ en exil. A noter que son fils, David Radok, metteur en scène d'opéra, qui vit en Suède mais travaille assez souvent en Tchéquie, a remporté deux fois le prix qui porte le nom de son père.

Cette année, c'est le Théâtre sur la balustrade de Prague (Divadlo na zabradli) qui a reçu le Prix Radok de la Troupe de l'année et a remporté aussi le prix de la meilleure mise en scène pour la pièce d'Ernest Jandl, intitulée Aus der Fremde (De l'étranger). Le prix de la meilleure interprétation féminine a été attribué à Daniela Kolarova pour le rôle de la Mère, dans la pièce de Thomas Bernhard, Am Ziel (Au but).

Daniela Kolarova,  photo: CTK
C'est Boris Rösner qui a remporté le prix d'interprétation masculine pour le rôle d'Harpagon dans l'Avare de Molière, qu'il joue au Théâtre national de Prague. Lors de la première, il a dit à propos de ce rôle :"Mes professeurs me disaient toujours qu'on devait savoir tout jouer. Mon physique et les rôles qu'on me donnait jusqu'à présent me classent dans une catégorie d'acteurs qui n'ont rien à voir avec la comédie. Mais, quand on lit attentivement cette pièce, on se rend compte qu'en réalité ce n'est pas tellement ridicule. Au fond, Harpagon est un homme malheureux, qui, à la fin, ne comprend plus rien. Il ne comprend ni le monde, ni soi-même. Il le dit d'ailleurs dans son célèbre monologue. Le monde se désagrège entre ses mains, ce monde dont il a lui-même fixé les contours, le monde qu'il considère comme le seul monde possible et juste. Et il lutte en vain contre le monde extérieur et contre soi-même pour rétablir le soi-disant ordre, ordre que nous concevons comme ridicule parce que c'est un ordre mauvais."