Aux Invalides, 40 ans de relations militaires franco-tchécoslovaques à découvrir

Les Invalides

Depuis le 10 avril, le bâtiment historique des Invalides à Paris accueille une exposition intitulée « la France et la Tchécoslovaquie, 1914-1945, des années d’espoir, de destruction et de combats commun ».

Fruit d’un travail conjoint entre l’Institut d’Histoire militaire tchèque et d’autres institutions françaises comme le Musée de l’armée, l’exposition s’inscrit dans le cadre du festival qui célèbre les années de l’histoire tchèque marquées par le chiffre « 8 ». Elle entend notamment célébrer la création de la Tchécoslovaquie en 1918 pour laquelle la France a joué un des rôles fondamentaux. Karel Straka, conservateur à l’Institut d’histoire militaire de la RT, explique quelle ligne il a suivi avec son collègue Michal Burian, pour la préparation de cette exposition :

Photo: CTK
« Au-delà des limites historiques de l’exposition, nous avons essayé de faire en sorte qu’elle soit un livre ouvert : il s’agit de permettre au visiteur d’apprendre, pas seulement en lisant des documents, mais surtout qu’il ait le sentiment de se trouver en face d’objets exceptionnels, qui viennent des collections tchèques et françaises et qui ont été sorties à cette occasion. Ces objets témoignent de façon très convaincante de l’histoire et des gens qui l’ont vécue. »

Et parmi les objets présentés, ceux légués par la famille du général Pellé à l’Institut d’histoire militaire tchèque. Le général Pellé, rappelons-le, était le chef de la Mission militaire française après la Première guerre mondiale, chargé de former la nouvelle armée tchécoslovaque. Des objets ayant appartenus au général Faucher, personnalité marquante de l’histoire commune franco-tchécoslovaque à maints égards. Au moment des accords de Munich qu’il jugea infâmants, il se mit à la disposition de l’armée tchécoslovaque, ce qui lui valut un blâme de l’armée française. Côté tchécoslovaque, l’exposition s’attache aussi à rappeler l’engagement des pilotes dans l’armée française. En 1940, avant l’occupation de la France, 12 % des pilotes de l’armée française sont tchécoslovaques. Après l’entrée des troupes allemandes en Tchécoslovaquie, en mars 1939, de nombreux Tchécoslovaques avaient fui le pays par la Pologne, encore libre. Ils s’engagent dans la légion étrangère, puis rejoignent l’armée régulière française, où on leur promet alors qu’après l’éclatement d’une guerre que tout le monde attendait, des unités tchécoslovaques seront créées. L’Occupation de la France changera la donne. Mais plus tard, ce sera sur les côtes de Dunkerque et celles de Normandie qu’on retrouvera les soldats tchécoslovaques.

Photo: CTK
L’exposition n’évoque évidemment pas que les côtés reluisants des relations entre la France et la Tchécoslovaquie. 1938 et les Accords de Munich, vécus par la partie tchécoslovaque comme une trahison de l’Occident, sont une partie importante, mais Karel Straka tient toutefois à souligner :

« Notre exposition ne se concentre pas sur les relations franco-tchécoslovaques uniquement du point de vue de Munich. Munich, c’est évidemment un moment important, mais c’est une des facettes. Nous avons essayé de montrer également ce qui a précédé 1938, de montrer qu’en réalité l’histoire est allée inexorablement d’une érosion de la sécurité collective en Europe vers les malheureux Accords de Munich. »

L’exposition aux Invalides à Paris s’achèvera le 22 juin.