Annette Dasch dans le haut lieu de la musique mozartienne

Annette Dasch

C’est pour fêter le 252e anniversaire de Wolfgang Amadeus Mozart que le Théâtre national de Prague a proposé au public, ce dimanche, un concert dans le cadre duquel les Pragois ont eu l’occasion d’entendre, pour la première fois, la soprano allemande Annette Dasch, vedette des grands théâtres lyriques européens. Le public a aussi longtemps applaudi Tomas Netopil, jeune chef d’orchestre tchèque de talent, qui a présenté avec l’Orchestre du Théâtre national, dans la seconde partie de la soirée, la symphonie en Do majeur « Jupiter », le chef d’oeuvre symphonique de Mozart.

Difficile de trouver une salle plus appropriée pour ce genre de manifestation que celle du Théâtre des Etats à Prague, établissement dans lequel Mozart en personne avait dirigé les premières de ses opéras « Don Giovanni » et « La Clemenza di Tito ». Devant un décor qui prolongeait sur la scène l’architecture des loges de la salle, Annette Dasch a chanté, ce dimanche, quatre airs de concert. Deux de ces airs célèbres, « Ah, lo previdi » et « Bella mia fiamma » avaient été composés par Wolfgang Amadeus pour son amie pragoise et excellente cantatrice Josefina Duskova. A l’issue du concert Annette Dasch a avoué au micro de Martina Schneibergova que l’ambiance du théâtre marqué à jamais par la présence de Mozart lui avait fait une forte impression :

« Quand vous entrez dans cet espace, vous éprouvez soudain un profond respect comme si vous touchiez quelque chose de sacré. Et puis les attentes que vous liez avec cet endroit finissent par se réaliser et c’est vraiment très beau. (…) Il est sans doute important de ne pas se considérer comme le centre de ce qui se passe. Ici c’est facile, quand vous chantez, vous pensez à Wolfgang Amadeus et vous oubliez un peu qu’il y a une cantatrice, une diva et pareilles sottises… Il s’agit de la musique et quand la musique est pour vous le motif principal de ce que vous faites, vous chantez tout naturellement et vous ne feignez rien. »

L’ampleur du répertoire de cette jeune cantatrice est déjà considérable. Son grand désir est de chanter maintenant le rôle de Vittelia dans l’opéra « La Clemenza du Tito » et plus tard aussi Tatiana dans « Eugène Onéguine » de Tchaïkovski et « Jenufa » de Leos Janacek :

« Janacek est pour moi l’un des compositeurs lyriques les plus accomplis. Sur la gamme imaginaire des compositeurs je le situe tout à fait au sommet et je considère ses oeuvres comme absolument fascinantes. J’aimerais beaucoup les chanter. J’apprendrais même le tchèque pour cela. Je pense que c’est tout à fait nécessaire. Il ne suffit pas de simuler le texte phonétiquement. Cela m’agace quand quelqu’un chante en allemand sans comprendre le texte. Cela se sent parce que ce qui est important, c’est le contenu. Ce sont des grands mots, je sais, mais si je devais chanter Janacek, j’aimerais apprendre le tchèque. »

Une telle déclaration devrait être prise au sérieux par les responsables du Théâtre national. Qui sait, peut-être un jour nous verrons Annette Dasch sur la scène du Théâtre national dans ce rôle de Jenufa qui la fait rêver. Il va sans dire qu’elle le chantera en tchèque.