Adriena Šimotová et Jiří John : « Etreintes et sacrifices »

La Galerie d’Ostrava, en Moravie du Nord, présente jusqu’au 13 mai prochain des œuvres graphiques d’Adriena Šimotová et Jiří John, deux plasticiens proches de la France et de sa culture et qui ont marqué la scène artistique tchèque de la deuxième moitié du XXe siècle.

Jiří John et Adriena Šimotová en 1954
Adriena Šimotová qui fêtera en août prochain ses 86 ans et Jiří John, décédé en 1972, se sont connus alors qu’ils étaient étudiants à l’Ecole supérieure des Arts et Métiers de Prague. Mariés en 1953, ils ont partagé dès lors un atelier près du parc de Stromovka, là où Adriena Šimotová créait, il y a quelques années encore, ses fameux travaux sur papier. Du papier qu’elle perfore, déchire, arrache, sur lequel elle réalise des empreintes de corps humains, dessinés avec des pigments de couleurs vives.

L’exposition présente une vingtaine d’œuvres graphiques des deux artistes. Elles sont issues des collections de la Galerie d’Ostrava et datent des années 1960, où le couple a formé, avec ses amis, le groupe artistique UB 12, et des années 1970, époque où Adriena Šimotová est interdite d’exposition et cherche un nouveau mode d’expression, un nouveau mode de vie après la disparition précoce de son époux, à l’âge de 48 ans. Gabriela Pelikánová est commissaire de l’exposition :

Gabriela Pelikánová
« Ils formaient une symbiose extraordinaire, ils s’influençaient mutuellement mais en même temps, ils conservaient, tous les deux, leur propre style. Jiří John créait surtout des paysages. Mais chez lui, il s’agissait plutôt d’un paysage de rêve, magique, symboliste… de son ‘paysage intérieur’, inspiré par un autre peintre tchèque, Josef Šíma. Jiří John travaillait avec les détails et les forces de la nature : il s’intéressait par exemple à la pousse, à la frondaison, à la germination, ainsi qu’aux pierres, à l’intérieur de la Terre qui est la base de notre univers. Il essayait de mettre en harmonie la nature avec ce qui est propre à l’homme. »

« Adriena Šimotová, si je puis m’exprimer ainsi, a longtemps vécu dans l’ombre de son mari. Jiří John était plus apprécié, plus sollicité qu’elle. Pourtant, elle ne ressentait pas la moindre jalousie et se réjouissait du succès de son époux. Mais ce n’est qu’après la mort de celui-ci qu’elle a mûri, en tant que personnalité et en tant qu’artiste. Les expériences difficiles qu’elle a vécues dans les années 1970 l’ont peu à peu éloignée de la peinture pour la rapprocher du dessin et de l’art graphique. Son travail, consacré à l’être humain, est devenu plus profond et spirituel. Elle poursuit cette trajectoire jusqu’à présent. »

Issue d’une famille tchéco-suisse, parfaitement francophone, Adriena Šimotová a effectué, seule ou avec son mari, de nombreux séjours en France, où elle a également été exposée, à plusieurs reprises, après la chute du régime communiste.

« J’aimerais savoir ce que mon mari aurait dit à propos de ce que je fais maintenant. (…) Je me sens reconnaissante envers lui car tout ce que nous avons vécu ensemble, j’ai pu ensuite le développer. »

Voilà une des citations d’Adriena Šimotová qui accompagnent ses œuvres graphiques et celles de son compagnon de vie, exposées à la Galerie d’Ostrava. L’exposition s’intitule « Oběti a objetí Adrieny Šimotové a Jiřího Johna » (Etreintes et sacrifices d’Adriena Šimotová et de Jiří John) et elle se tient jusqu’au 13 mai prochain.