A Marioupol, une visite tchéco-danoise qui participe au désenclavement des ports ukrainiens

Tomáš Petříček à Marioupol, photo: ČTK/Milan Syruček

« Nous soutenons l’Ukraine dans sa situation difficile et nous nous efforcerons de l’aider ». En visitant, mardi, le port et la ville de Marioupol, dans le Donbass, et en se rendant sur la ligne de front au cœur du conflit entre l’Ukraine et les séparatistes pro-russes, le ministre des Affaires étrangères, Tomáš Petříček, a tenu à exprimer, une énième fois tout au long de sa visite de deux jours, la solidarité de la République tchèque avec l’Ukraine.

Tomáš Petříček à Marioupol,  photo: ČTK/Milan Syruček
Tomáš Petříček n’est pas le premier ministre étranger à s’être rendu dans le sud-est de l’Ukraine. Pour la majorité d’entre eux, un passage dans l’oblast de Donetsk, et plus concrètement sur les check-points qui démarquent les territoires sous contrôle de Kiev de la zone tenue par les séparatistes russes, est même devenu une sorte de passage obligé. En soit, cette visite du ministre tchèque n’a même rien de très exceptionnelle, tant les dirigeants ukrainiens, reconnaissants de chaque manifestation de soutien en provenance de l’Ouest, sont devenus des experts de l’organisation de ces transferts qui, d’abord en avion jusqu’à Dniepropetrovsk, puis en hélicoptère, permettent d’effectuer les quelque 700 kilomètres qui séparent Kiev de Marioupol.

Plus marquante, en revanche, a été sa volonté de signifier à ses hôtes et à son homologue Pavlo Klimkine combien la République tchèque soutenait l’Ukraine dans son combat pour la défense de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. Pas seulement en raison de la proximité géographique entre les deux pays ou de la présence d’une importante minorité ukrainienne en République tchèque, mais aussi par besoin d’exprimer son opposition à la politique agressive menée par Moscou dans la région.

Compte tenu de la russophilie aiguë du président Miloš Zeman et des positions parfois ambivalentes de certains autres représentants politiques dans leur relation avec la Russie, la manifestation de cette solidarité par un ministre résolument pro-européen, qui envisage l’avenir de l’Ukraine aux côtés de partenaires occidentaux, n’était donc pas complètement anodine. Accompagné du chef de la diplomatie danoise Anders Samuelsen à Marioupol, dont le port est toujours partiellement bloqué par les soldats russes, Tomáš Petříček a ainsi très clairement exprimé son point de vue, et celui de Prague, sur la question de l’arrestation des vingt-quatre membres d’équipages de navires ukrainiens lors de la confrontation survenue en novembre dernier au large de la péninsule de Crimée annexée par Moscou, et dont certains ont depuis été inculpés de franchissement illégal de la frontière :

Tomáš Petříček et Anders Samuelsen à Marioupol,  photo: ČTK/Milan Syruček
« Avec mon homologue danois, nous avons appelé la Russie à libérer le plus rapidement possible les marins ukrainiens capturés illégalement et qui sont emprisonnés en Russie depuis le mois de novembre. Ces marins n’ont rien commis qui puisse être considéré comme une violation du droit international. C’est le point le plus important aux yeux de la République tchèque. »

Cette visite à Marioupol n’a pas eu seulement un caractère symbolique. Elle a aussi abouti à une première retombée concrète puisque Pavlo Klimkine a remercié les ministres tchèque et danois d’avoir concouru en leur qualité de représentants de pays membres de l’Union européenne à l’assouplissement de la position de la Russie. Celle-ci, tout en continuant selon Kiev à vouloir rester maîtresse des eaux, autorise en effet désormais de nouveau les navires ukrainiens à emprunter le détroit de Kertch qui relie la mer Noire à la mer d’Azov, où se trouvent d’importants ports ukrainiens. Une décision qui intervient alors que les chefs de la diplomatie des pays membres de l’UE se réuniront mi-février pour éventuellement prononcer de nouvelles sanctions contre la Russie. Un durcissement des sanctions que la République tchèque affirme être prête à envisager elle aussi si les marins ukrainiens ne sont toujours pas libérés d’ici-là.