A l’ONU, le terrorisme dans le viseur du président tchèque

Miloš Zeman devant l’Assemblée générale de l'ONU, photo: ČTK

Depuis dimanche, et jusqu’à ce mercredi, le président tchèque Miloš Zeman est en déplacement à New York où mardi, à l’instar d’autres chefs d’Etat, il s’est exprimé devant l’Assemblée générale de l’ONU sur le conflit en Syrie et la mobilisation nécessaire contre l’Etat islamique. Il y a entre autres prôné l’instauration d’un dialogue avec le président syrien Bachar el-Assad pour lutter contre le terrorisme. Avant ce discours, il a également rencontré les représentants de la communauté tchèque de la Grande Pomme et rendu hommage aux victimes du 11 septembre.

Miloš Zeman devant l’Assemblée générale de l'ONU,  photo: ČTK
Il y a quelques temps encore l’actuel président syrien Bachar el-Assad était persona non grata pour la majeure partie des pays occidentaux. L’Assemblée générale de l’ONU qui s’est tenue mardi à New York a vu une inflexion de ces positions, notamment côté américain, une inflexion qui reste prudente, mais réelle et qui va davantage dans le sens de la position défendue par Moscou depuis le début du conflit. Face au danger représenté par l’Etat islamique, Bachar el-Assad est de nouveau fréquentable ou presque chez certains dirigeants occidentaux, au nom de la realpolitik.

Le président tchèque Miloš Zeman en fait partie, et le premier ministre Bohuslav Sobotka n’en dit pas moins : côté tchèque, on estime ainsi que la résolution du conflit en Syrie ne fera pas l’économie de Bachar el-Assad. Devant l’Assemblée générale de l’ONU, le chef de l’Etat tchèque a tenu un discours d’une dizaine de minutes où il a mis en garde contre les dangers du terrorisme actuel qu’il rend responsable de la crise migratoire à laquelle fait face l’Europe :

« Nous réduisons le terrorisme à l’Etat islamique. Mais il y a bien d’autres organisations terroristes, comme Al-Qaida, les talibans, Al-Nusra, Boko Haram, et ainsi de suite. Deux hommes politiques importants du monde arabe m’ont dit que ce sont les Frères musulmans qui chapeautent le tout. Si tel est le cas, cela signifie qu’il existe un véritable réseau terroriste et ce réseau ne peut pas être réduit au simple Etat islamique. »

D’après le président tchèque, les nouveaux dangers du terrorisme auquels font face les dirigeants du monde appellent à une nouvelle manière d’envisager la lutte contre ce phénomène.

Photo illustrative: Menendj,  CC BY-SA 2.5 Generic
« Ce que je propose pour lutter contre le terrorisme, ce n’est pas d’engager des tanks, l’infanterie ou l’artillerie. Nous avons besoin de trouver de nouvelles formes de lutte. Dans la mesure où les actions unilatérales sont fortement critiquées, et se sont surtout avérées de véritables échecs, comme dans le cas de l’Irak, je ne recommande pas l’occupation massive de quelque territoire qu’il s’agisse. Ce que je propose, c’est une action coordonnée sous la houlette du Conseil de sécurité de l’ONU. »

Le président Zeman s’est dit soutenu dans ses propos à la fois par la Russie et la Chine.

A New York, toujours à propos de la guerre en Syrie, le chef de l’Etat tchèque s’est également entretenu avec le ministre des Affaires étrangères syrien Walid Mouallem, mais la réunion prévue avec l’opposition syrienne n’a finalement pas eu lieu. A en croire Miloš Zeman, les représentants des deux parties, qui discutent actuellement à Genève des conditions pour mettre fin au conflit qui les oppose depuis quatre ans, auraient émis l’idée que l’éventuelle signature d’un traité de paix pourrait se faire à Prague.

Miloš Zeman à New York,  photo: ČTK
Avant ce rendez-vous à l’ONU, le président tchèque a profité de son séjour pour visiter le monument rendant hommage aux victimes des attentats du 11 septembre 2001. Ce voyage a été aussi l’occasion de rencontrer des représentants de la communauté tchèque de New York. Alors que la crise migratoire est un des thèmes liés à la question de la crise syrienne débattue à l’ONU, nombreux sont ceux qui parmi les Tchèques installés aux Etats-Unis depuis des décennies, après avoir fui le communisme, se disent déçus de l’attitude tchèque vis-à-vis des réfugiés. C’est justement le cas de cette femme-médecin, Zdeňka Houner :

« J’ai été très surprise, et en même temps déçue. En tant qu’émigrée, en 1981, nous sommes arrivés ici à partir d’un camp en Autriche. Nous avions besoin d’aide, nous avions besoin qu’on nous considère comme des êtres humains et qu’on nous traite comme tels. »