A la veille de l'anniversaire de la Révolution de velours

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Dans leurs éditions du 15 novembre, les grands quotidiens tchèques consacrent déjà des suppléments à l'anniversaire de la Révolution de velours, qui a débuté le 17 novembre 1989.

Mlada fronta Dnes publie surtout des photographies des événements : la manifestation des étudiants à l'occasion du 17 novembre, la Journée internationale des étudiants, durement réprimée par les forces de police du régime communiste qui régnait dans l'ancienne Tchécoslovaquie, en 1989, mais aussi un important article d'Alexander Vondra. En 1989, il était le porte-parole de la Charte 77, un mouvement d'opposition pacifique au régime communiste et, après le 17 novembre 1989, il a été l'un des co-fondateurs du Forum civique, la première force politique qui a dirigé le pays, après la chute du communisme en Tchécoslovaquie. Pour Alexander Vondra, le 17 novembre a tout changé dans une Tchécoslovaquie où le temps semblait s'être arrêté au moment où tombait le Mur de Berlin, quand les frontières hongroises n'étaient plus fermées par des barbelés, quand la Pologne était dirigée par un ancien dissident, après les premières élections libres dans le pays avec la victoire du mouvement syndical, Solidarité. Alexander Vondra rappelle, aussi, une première page du prestigieux hebdomadaire britannique, Newsweek, signée Timothy Garton Ash, sur la fin de l'année 1989 : En Pologne, cela a duré 10 ans, en Hongrie 9 mois, en RDA 10 semaines, et en Tchécoslovaquie 10 jours... En plus de cela, sans une goutte de sang ! Seize années après la Révolution de velours de 1989, Alexander Vondra pense que les résultats atteints par la Tchéquie indépendante depuis janvier 1993, après la partition de l'ancienne Tchécoslovaquie, ne sont pas des plus mauvais. Pour lui, ancien ambassadeur tchèque aux Etats-Unis, trois problèmes sont restés liés aux décisions prises en 1989 et après : l'existence d'un parti communiste qui ne s'est pas réformé, le seul en Europe. Ensuite l'existence du système électoral proportionnel compliqué qui freine l'adoption de réformes économiques et sociales. De ce fait, le parti communiste non-réformé freine encore plus le développement, car la coalition traditionnelle de la gauche s'avère impossible. Troisième problème, la corruption, le manque de transparence de la politique de l'Etat tchèque, le dégoût de la politique de la part des citoyens. Les conséquences des deux problèmes précédents avec la présence, aussi, des mêmes personnes, encore et toujours, sur la scène politique. Conclusion d'Alexander Vondra ? Le niveau de notre liberté dépendra de nos mérites.

Un autre grand quotidien, Lidove noviny, consacre aussi un supplément spécial au 17 novembre 1989. Il présente l'opinion des « vainqueurs » (les dissidents et opposants au régime communiste tchécoslovaque) et des « vaincus » (les anciens dirigeants du parti communiste tchécoslovaque). Une comparaison intéressante, les communistes en 1989 et aujourd'hui, en 2005... Une rétrospective aussi, depuis 1990 et les première élections libres, en passant par la partition de la Tchécoslovaquie, l'avénement du premier président tchèque, Vaclav Havel, l'entrée de la Tchéquie à l'OTAN, dans l'Union européenne. Un rappel aussi des termes employés avant la chute du communisme, inconnus, en général, des jeunes d'aujourd'hui : par exemple, Tuzex, une chaîne de magasins qui vendait des produits d'importations contre des bons (on pouvait les acheter au noir ou on les recevait en échanges de devises fortes, dollars ou autres). Milices populaires, la force armée de la classe ouvrière, appelées à Prague pour lutter contre la révolution en 1989, mais qui ne furent pas utilisées. Akce Z, travail bénévole des citoyens qui suppléait le plus souvent aux insuffisances du régime. Le quotidien Lidove noviny termine son supplément en dernière page par la constation de l'historien Jiri Suk : Le début des années quatre-vingt-dix ? Une page blanche. Des surprises majeures nous attendent après l'étude des archives américaines et russes !