2013 : une année politique à rebondissements

Photo: Filip Jandourek, CRo

Avec l’intronisation d’un nouveau président de la République élu pour la première fois au suffrage universel, la chute du gouvernement de droite de Petr Nečas et l’affaiblissement inexorable de son parti, le parti civique-démocrate ODS, la tenue d’élections législatives anticipées et la formation d’une nouvelle coalition gouvernement sous l’égide du social-démocrate Bohuslav Sobotka, l’actualité politique de cette année 2013 a été particulièrement riche. Radio Prague vous en propose un petit tour d’horizon.

Photo: Filip Jandourek,  CRo
Le 26 janvier dernier, l’ancien premier ministre social-démocrate Miloš Zeman signait son grand retour en politique avec sa victoire au second tour de l’élection présidentielle face à Karel Schwarzenberg, le président du parti conservateur TOP 09, qui était alors ministre des Affaires étrangères. Le nouveau chef de l’Etat, qui devait officiellement succéder à Václav Klaus en mars, au grand soulagement d’une partie de la population excédée par l’amnistie présidentielle annoncée par ce dernier le Jour de l’An, s’était alors fendu d’une métaphore footballistique pour célébrer sa victoire :

Miloš Zeman,  photo: CTK
« Pendant la campagne présidentielle, ce sont le Sparta et le Slavia Prague qui ont joué l’un contre l’autre. Mais maintenant, l’heure a sonné du match de l’équipe nationale de République tchèque. »

L’équipe nationale, une fois au pouvoir, n’a pas tardé à imprimer sa marque sur la politique tchèque, divisant un peu plus les Tchèques entre ses supporteurs et ceux qui n’encadrent pas sa conception personnelle du pouvoir. Il faut dire que Miloš Zeman a tenté de tirer profit des moindres situations de crise pour élargir le champ des maigres compétences qui échoient normalement au président de la République selon la Constitution tchèque.

Martin C. Putna,  photo: CT
Le nouveau chef de l’Etat a par exemple refusé de nommer Martin C. Putna professeur d’université, au motif qu’il avait participé à une gay pride, mais certainement un peu aussi par animosité personnelle. Il s’est également engagé dans un bras de fer, qu’il a finalement remporté, avec Karel Schwarzenberg, son adversaire malheureux à la présidentielle, quant à la nomination de plusieurs ambassadeurs et notamment de Livia Klausová, la femme de son prédécesseur, à la tête de la diplomatie tchèque à Bratislava.

La crise politique, qui éclate en juin 2013, suite à l’affaire Nagyová, laquelle concerne au départ des écoutes illégales, et qui conduit finalement à la démission du premier ministre de l’époque, Petr Nečas, à la chute de son gouvernement et, au moins temporairement, à l’arrêt de sa politique drastique d’austérité, est l’occasion pour le chef de l’Etat Miloš Zeman de placer avantageusement ses pions.

Andrej Babiš,  photo: CTK
Sans égard à la composition de Chambre des députés, il décide en effet de nommer un proche, l’économiste Jiří Rusnok, à la tête d’un gouvernement qu’il veut « d’experts ». Ce cabinet n’obtient pas la confiance des députés et pour mettre un terme à la crise politique, plusieurs partis, dont les conservateurs de TOP 09 et les sociaux-démocrates, soutiennent une résolution en faveur d’élections législatives anticipées.

Celles-ci se déroulent fin octobre et ses résultats surprennent. La droite, et surtout le parti civique démocrate ODS, est laminée. La social-démocratie, si elle arrive en tête, n’obtient toutefois pas les suffrages espérés et est obligée de parlementer avec le second et vrai vainqueur de ce scrutin, le tout récent mouvement de l’Action des citoyens mécontents (ANO) du milliardaire Andrej Babiš, dont le programme est pourtant relativement flou. Avec le parti chrétien-démocrate, de retour à la Chambre des députés, ces deux formations espéraient former une coalition gouvernementale avant la fin de l’année. C’était sans compter sur la blessure au genou du chef de l’Etat Miloš Zeman, qui refusait d’introniser tout premier ministre ainsi amoindri. De toute façon, les négociations se sont éternisées pour finalement aboutir sur un accord de coalition qui devrait être signé dans les tous premiers jours de 2014. Comment se comportera ce gouvernement que doit diriger le leader social-démocrate Bohuslav Sobotka ? C’est la question fondamentale de cette nouvelle année tant les trois partis prochainement coalisés semblent partager des vues différentes sur la façon de conduire les affaires publiques.