« Les étudiants Erasmus deviennent de vrais Européens »

Michal Uhl, photo: Ondřej Tomšů

Six ans avant son adhésion à l’Union européenne, la République tchèque a rejoint le programme de mobilité européenne Erasmus. Depuis 1998, des centaines de milliers de Tchèques sont partis à l’étranger, en échange universitaire ou en stage, grâce à Erasmus, tandis qu’environ le même nombre d’étudiants étrangers a effectué des séjours dans des universités tchèques. Directeur adjoint de la Maison de la coopération internationale à Prague, Michal Uhl a confirmé, au micro de Radio Prague, que le programme suscitait des louanges partout en Europe, y compris la République tchèque.

Michal Uhl | Photo: Ondřej Tomšů,  Radio Prague Int.
« Le programme Erasmus est un grand succès. A la fin des années 1990, le nombre d’étudiants tchèques qui avaient l’opportunité d’aller étudier dans un autre pays européen était restreint, ils ne se comptaient que par centaines, tandis qu’actuellement, ils partent massivement. Le budget du programme augmente progressivement, ce qui ouvre celui-ci à un nombre croissant de personnes. »

« Si nous comparons les chiffres des années 1990 avec 2019, la différence est flagrante. Actuellement, près de 7 200 étudiants universitaires tchèques partent chaque année à l’étranger grâce à ce dispositif, un chiffre auquel nous devons ajouter plusieurs milliers d’autres étudiants et de professionnels qui participent au programme élargi Erasmus+. Depuis 1998, plus de 300 000 Tchèques ont été bénéficiaires des bourses Erasmus. »

Quelles sont les destinations privilégiées des boursiers tchèques ?

« Le plus grand nombre choisit de se rendre en Allemagne voisine. Le second pays, c’est la France. Ensuite, beaucoup de Tchèques optent pour l’Espagne, la Grande-Bretagne, la Finlande… Ce sont traditionnellement les pays les plus prisés. Ils comptent un nombre important d’universités qui collaborent depuis longtemps avec des universités tchèques. Aussi, la République tchèque accueille les étudiants Erasmus originaires de ces mêmes pays, ainsi qu’un nombre relativement important d’étudiants polonais, pour qui la Tchéquie est un pays proche, à la fois géographiquement et linguistiquement. »

Les jeunes Français sont-ils nombreux à venir étudier en République tchèque ?

« Effectivement, ils sont nombreux. C’est d’ailleurs le résultat de l’initiative du président Emmanuel Macron qui incite les universités françaises à s’ouvrir à la mobilité internationale et qui a suggéré la création du réseau des universités européennes. Du coup, de nouveaux liens ont été noués ces derniers temps entre plusieurs universités tchèques et françaises. Les Français sont plus nombreux à partir étudier à l’étranger, en République tchèque, ainsi que dans d’autres pays. »

Le programme Erasmus bénéficie d’un soutien financier important de la part de Bruxelles. Le budget devrait encore croître dans les années à venir. Concrètement, de quelle somme s’agit-il ?

« Pour la période en cours, le programme bénéficie de 14,5 milliards d’euros. Pour les sept prochaines années, la Commission européenne table sur un budget de 30 milliards d’euros, ce qui représente le double du budget actuel. Dans sa résolution, le Parlement européen propose le triple, c’est-à-dire 45 milliards d’euros. Ces deux scénarios seront discutés à la fin de l’année, après la tenue des élections au Parlement européen. »

Photo: Commission européenne
Y a-t-il des problèmes liés à l’application du programme Erasmus ? Les étudiants tchèques se plaignent parfois du fait que leurs universités refusent de reconnaître les crédits qu’ils ont obtenus à l’étranger…

« Résoudre ce problème, qui se pose d’ailleurs partout en Europe, est un grand défi. Il faut dire que les universités tchèques ont beaucoup évolué dans ce domaine. Notre institution, l’agence nationale d’Erasmus, essaie de proposer des solutions visant à simplifier les règles appliquées, mais c’est un problème que les universités doivent gérer elles-mêmes. En tout cas, la transformation du système universitaire tchèque est en cours, les facultés s’ouvrent de plus en plus à la mobilité internationale, elles s’y adaptent. »

Quel intérêt pour les écoles supérieures d’envoyer leurs étudiants à l’étranger, via Erasmus ?

« Un étudiant qui revient d’un programme Erasmus est quelqu’un de différent, de nombreux sondages et études l’ont d’ailleurs prouvé. Ces étudiants ont une autre vision des choses, une autre optique, ils ont une perspective globale. Ils savent replacer la réalité dans son contexte. Les séjours à l’étranger développent leur esprit critique. Le programme Erasmus a un impact considérable sur toute leur vie : ils acquièrent des connaissances dans des disciplines précises, nouent des amitiés avec des gens de pays différents, ils ont des copains partout dans le monde… Ce sont de vrais Européens. »

Vous-même, êtes-vous parti en Erasmus quand vous étiez à l’université ?

« Malheureusement non, à l’époque le programme en était à ses débuts en République tchèque et il était encore assez sélectif. Ce n’est plus le cas, à présent, presque tous les candidats peuvent être satisfaits. J’encourage vivement tous les jeunes à en profiter, car c’est une expérience essentielle pour tout un chacun. »