Un groupe métallurgique d'Ostrava incite ses employés au départ avec des primes de licenciement alléchantes

La Moravie du nord est une des régions de la République tchèque qui souffre le plus du déclin du secteur industriel. Récemment, c'est la plus grande aciérie du pays, Ispa Nova Hut, qui a annoncé le licenciement de 2000 de ses employés de l'usine d'Ostrava. Mais cette fois-ci, pour limiter l'impact des licenciements sur une région dont le taux de chômage avoisine les 17%, les indemnités proposées ont dépassé les records.

Ivo Celechovsky est le porte-parole de l'entreprise Ispa Nova Hut :

« Jamais en République tchèque n'a été fait ce que nous avons décidé de proposer à nos employés. Nous sommes les premiers à leur laisser le choix de rester ou de partir. Ils savent cependant que d'ici 2005 nous devrons avoir 2000 personnes de moins. »

« Si le poste est supprimé pour des raisons de réorganisation, l'employé a droit a deux mois de salaire plus une indemnité pouvant s'élever jusqu'à six mois, selon l'ancienneté dans l'entreprise. Si nous procédions selon la législation en vigueur, les indemnités n'atteindraient donc que 8 mois de salaires maximum. Nous offrons une base de 16 mois de salaires, et pour cinq années travaillées dans l'entreprise, l'employé reçoit un salaire en plus. Certains employés peuvent ainsi bénéficier d'une indemnité équivalente à 25 mois de salaire. En plus de cela, nous avons proposé deux mois de salaire supplémentaire à tous les employés de l'administration de l'entreprise qui souhaitaient partir, parce que dans la région, ce ne sera pas facile pour eux de retrouver un travail. »

« Tout le monde a pu déposer une demande d'indemnité, mais la direction de la société se résèrve le droit de décider si elle souhaite réellement licencier la personne qui a fait une telle demande. Nous devons quand même assuré la survie de notre entreprise. L'employé n'a pas besoin d'indiquer la raison de son choix. Et il peut faire ce qu'il veut des ses indemnités. Il peut se faire embaucher ailleurs, se mettre à son compte, investir dans ce qu'il souhaite, ça dépend de lui. »

La direction de l'entreprise a laissé quelques jours aux employés pour faire leur choix et prendre la décision de rester ou partir. Au 12 novembre, date limite de validité de l'offre, 1759 personnes avaient rempli le formulaire pour cesser leur activité au sein de l'aciérie et recevoir une contrepartie financière. Ivo Celechovsky :

« La majorité des gens qui souhaitent bénéficier de l'offre approchent l'âge de la retraite, mais il y a aussi une part importante de gens plus jeunes, et même les plus jeunes, qui souhaitent utiliser l'argent pour développer leur affaire. Il s'agit parfois de très jeunes personnes, qui profitent de l'offre et n'ont pas peur de ne pas retrouver un emploi après. Notre démarche leur convient tout à fait. »

La moitié des employés souhaitant quitter l'entreprise avec des indemnités est âgée de plus de 55 ans. Seuls ceux employés depuis plus de cinq ans ont pu déposer une demande. A la sortie de l'usine, les avis restent partagés :

« Je vais quoiqu'il arrive profiter de cette opportunité, et avec les indemnités que je vais recevoir de Nova Hut, je vais me mettre à mon compte »

« Moi, non, je veux rester ici jusqu'à la retraite »

« On en parle encore à la maison avec mon mari... Je pense que je vais profiter de l'offre, parce qu'il ne me reste que peu de temps avant la retraite, trois ans exactement. L'offre me paraît avantageuse, et je pourrais ainsi avoir du temps pour m'occuper de mes petits-enfants. C'est une offre généreuse qui me convient, donc je vais en profiter. »

L'aciérie de Nova Hut a été privatisée en 2002. Le nouvel actionnaire majoritaire, le groupe néerlandais LNM Holding s'est rapidement employé à augmenter la productivité de sa filiale tchèque et à la restructurer. L'entreprise du nord de la Moravie a déboursé en tout la somme de 1,4 milliards de couronnes (45 millions d'euros) en primes de licenciement. Chaque employé a reçu en moyenne 600 000 couronnes (environ 20 000 euros).