Lutte contre le piratage des logiciels informatiques

Une visite surprise des services de la police anti-fraudes... Et un entrepreneur peut se retrouver en quelques minutes condamné à plusieurs millions de couronnes de dommages et intérêts et à des sanctions pénales. Le piratage des logiciels informatiques préoccupe toujours les professionnels du secteur et en mars dernier, une organisation luttant contre la fraude informatique, BSA, a lancé une vaste campagne d'information... et de mise en garde !

Lorsque BSA (Business Software Alliance) a entrepris cette action contre le piratage des logiciels, elle n'a pas manqué de le faire savoir à de nombreux médias en République tchèque. Elle a également contacté quelques 10 000 entreprises pour les prévenir du risque encouru en cas de piratage de logiciels. Le prix des logiciels informatiques est généralement élevé. La copie est par ailleurs très facile. Face à la loi, elle fait cependant figure d'acte de vol, le terme de piratage est assez explicite !

Le phénomène a certes baissé depuis deux ans mais une étude récente a montré que 41 % des logiciels utilisés en République tchèque étaient piratés. Un chiffre bien au-dessus de la moyenne européenne, qui se situe autour de 35 %. Au niveau mondial cependant, la République tchèque reste, comme la Pologne par exemple, à un niveau intermédiaire. Les plus hauts taux de piratage se trouvent en Chine et les plus bas, au Danemark et en Norvège.

Selon la loi tchèque, la possession de logiciels piratés est passible d'une amende de 5 millions de couronnes (178 000 euros). En outre, si le propriétaire était conscient d'avoir utilisé des logiciels illégaux, il peut aller jusqu'à la case... prison ! Les petites et moyennes entreprises sont plus particulièrement dans le collimateur de BSA. Aussi légitime puisse-t-elle paraître, son action engendre des comportements qui frôlent la délation. La plupart des enquêtes sont en effet provoquées par des employés mécontents ou des concurrents, qui n'hésitent pas à fournir des informations compromettantes aux autorités.

Dès le milieu des années 90, les fabricants tchèques de logiciels se sont plaints d'un manque de contrôle. Depuis huit ans environ, la situation a évolué. Durant ces deux dernières années, la police aurait enquêté sur 1 184 cas de piratage de logiciel, de CD et de DVD. La filiale de Microsoft pour la République tchèque et la Slovaquie déclarait, de son côté, avoir vérifié les logiciels de 250 000 utilisateurs. BSA met en avant les conséquences positives d'une baisse du taux de piratage. Selon l'organisation, cela créérait des milliers d'emplois dans le secteur des nouvelles technologies, augmenterait les revenus de l'Etat et favoriserait la croissance.

Microsoft a lancé une campagne identique contre le piratage des produits Windows. L'entreprise de Bill Gates a, pour cela, créé un système permettant à l'utilisateur de tester si son matériel est légal ou non. Il existe en six langues, dont le tchèque ! L'entreprise piste la fraude quand elle-même connaît des démêlés judiciaires pour son monopole volontaire sur des produits phare !

De nombreux utilisateurs pointent du doigt le coût de plus en plus élevé des logiciels informatiques, qu'il s'agisse des plus fonctionnels, comme Word, jusqu'aux plus techniques, comme X-Press. Les professionnels, eux, refusent de voir un lien entre prix et piratage. Seule l'absence de contraintes légales laisserait un espace libre aux pratiques de copiage.

Il y a quelques années, le gouvernement tchèque avait fait passer une circulaire demandant aux institutions d'Etat de vérifier l'origine de leur propre matériel informatique. Le partage possible des logiciels, illégal lui-aussi, n'était en revanche pas mentionnée.

Rappelons qu'en 2004, BSA avait déjà lancé une "croisade" anti-piratage, s'appuyant derrière l'étendard de la propriété intellectuelle. Le résultat avait été plutôt mitigé.

Dans les premiers mois, BSA avait lancé des annonces dans différents quotidiens (Právo, Blesk, Hospodárské Noviny et Ekonom). Il s'agissait d'employer la méthode-choc et de montrer les dégâts insoupçonnés que peut causer le piratage. Un article concernait ainsi un certain Pavel H., étudiant de 19 ans, avec le titre suivant : " Un étudiant si talentueux, mais il y a certaines choses dont il aurait dû s'occuper d'abord... ". Pas de chance ! Le sous-titre expliquait que Pavel avait été condamné à un an de prison pour copie et vente de logiciels copiés. Un vol indirect, qui aurait coûté 207 000 Kc (7 400 euros) de dommages supposés au fabricant. La vente de produits piratés est certes illégale mais l'article ne dit pas ce que Pavel aurait encouru s'il n'avait fait que copier des logiciels...

Et comment vont réagir des personnes, identifiées à des criminels dès lors qu'elles copient un logiciel à usage personnel ? Pour BSA, le but de telles campagnes est justement d'informer sur les risques réels, ceux-ci étant généralement inconnus. Pour certains fabricants de logiciels, la campagne n'était pas assez agressive. BSA se félicitait toutefois de viser toutes les catégories de "pirates potentiels" : petites et moyennes entreprises, travailleurs indépendants et, pour la première fois, écoles et universités.

Durant sa première campagne, il y a deux ans, BSA invitait à appeler une hotline permettant de vérifier la légalité de son équipement informatique.

Sur le long terme, les chiffres resteraient positifs et le piratage serait en déclin progressif. Les professionnels n'en ont pas moins à affronter d'autres défis. Parmi ceux-ci, l'augmentation du nombre de virus informatiques, due à l'utilisation massive d'Internet dans les entreprises.