Les entrepreneurs veulent l’euro

Photo: Commission européenne
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Industriels et entrepreneurs tchèques s’unissent pour se faire entendre auprès du gouvernement, préconisant un passage à l’euro le plus rapidement possible. Essayons de décoder les raisons de leur impatience, et en particulier les difficultés que leur posent l’appréciation rapide de la couronne tchèque.

Martin Jahn
Dans une émission de juillet dernier, Tomáš Vlk, analyste chez Patria Finance, se montrait prudent quant à préconiser une introduction rapide de l’euro en République tchèque, rappelant les risques liés à une pression inflationniste. Le débat a été relancé récemment par l’Union des industries et des transports de République tchèque, qui tente de se faire entendre du gouvernement afin d’accélérer le passage à l’euro.

Ecoutons sur le sujet les arguments de Martin Jahn, vice-président de l’Union des industries et des transports de République tchèque :

« Nous espérions que le gouvernement tiendrait compte de l’appel très fort venant des industriels et des entrepreneurs. L’Union des industriels et la Chambre de commerce sont d’accord sur ce point : pendant l’été, la couronne tchèque a atteint un taux de près de 23 couronnes / euro, cette limite a sonné le glas de nombreuses entreprises, et a représenté, pour de nombreuses autres, une restriction importante de leurs possibilités d’investissements et de développement. Etant donné qu’il existe peu de moyens de limiter l’appréciation trop rapide de la couronne tchèque, nous voyons le passage à l’euro comme quelque chose que le gouvernement pourrait faire, nous espérions qu’il en tiendrait compte. J’espère toujours que nous trouverons un accord avec le gouvernement, afin de passer à l’euro le plus rapidement possible. »

Photo: Commission européenne
La couronne s’est appréciée en effet de 12% au mois d’août dernier, ce qui a posé de nombreuses difficultés aux entreprises, notamment aux plus exportatrices d’entre elles. A ce rythme-là, la République tchèque risque de souffrir d’une fuite des actionnaires, qui pourraient préférer investir en Slovaquie dès l’année prochaine, le pays introduisant l’euro au 1er janvier 2009.

Mirek Topolánek,  photo: CTK
Le gouvernement se montre très réservé sur le sujet. Le premier Ministre Mirek Topolánek rappelle qu’une discussion profonde est en cours, et que le délai d’introduction de la monnaie européenne est en partie dû aux précédents gouvernements qui ne se sont pas penchés sérieusement sur la question. Il se montre également prudent quant à une accélération du processus :

« Les analyses montrent très clairement qu’un passage à l’euro immédiat ne résoudrait rien – parce que les avantages du passage à l’euro seront compensés par les désavantages de cette transformation. »

Le Ministre de l’Industrie et du Commerce, Martin Říman, se montre plus intransigeant vis-à-vis des industriels :

« Il faut passer à l’euro au moment où ça sera avantageux, non pas pour un groupe de personnes, mais pour la majorité des gens. »

A cela, Martin Jahn, vice-président de l’Union des industries et des transports de République tchèque, répond, considérant les retombées de l’appréciation de la couronne tchèque sur toute la société :

Photo: Štěpánka Budková
« Je ne veux pas diviser la société entre les exportateurs et les autres, parce que si la couronne s’apprécie trop vite, cela aura des retombées sur l’emploi, sur les salaires, et si c’est un frein à la croissance de l’économie tchèque, cela concerne tous les citoyens tchèques qui auront plus de difficultés à trouver un emploi, ou des salaires qui augmentent moins vite. »

Les pays voisins semblent plus pressés que la République tchèque à introduire l’euro. En plus de la Slovaquie, le premier Ministre polonais Donald Tusk a déclaré dernièrement le passage à l’euro en Pologne pour 2011. Pour la République tchèque, le passage est impossible à envisager avant 2012, pour des raisons techniques très précises, qu’éclaire Oldřich Dědek, coordinateur du passage de la République tchèque à l’euro :

« Il faut remplir un certain nombre de critères, l’un d’eux concerne le mécanisme du cours, qui doit durer au minimum deux ans. Donc, si la République tchèque voulait passer à l’euro en 2012, elle devrait appliquer, dès l’an prochain, le mécanisme de cours – la décision devrait être prise à la fin de l’année. En automne, la gouvernement va étudier si, oui ou non, l’économie tchèque est prête à passer à l’euro. »

Un accord semble difficile à trouver entre les entrepreneurs et le gouvernement tchèque quant à une introduction accélérée de l’euro. On parle réalistement de 2013, ce qui n’est pas sans inquiéter les entrepreneurs qui craignent une fuite des antennes de production, causée par l’appréciation rapide de la couronne tchèque.